Rendez la poésie vivante, professeurs!

L’avenir de l’école

Par | Penseur libre |
le

Photo © Laurent Berger

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La poésie, ça ne se décortique pas, ça ne s’approprie pas, ça ne se récupère pas. Le passeur de poésie enseigne la beauté de la langue aux élèves. La poésie, ça ne s’analyse pas, ça ne se voit pas à la loupe. La poésie, c’est le rythme, le souffle, le vent, l’air, l’énergie, la vitalité. De préférence, en forêt ou à la mer. De préférence hors système.

La poésie, c’est Rimbaud qui marche, le vagabond, c’est le remord de Villon, l’amour de la forêt de Baudelaire, cela s’entend, cela se vit, cela ne se dicte pas, ce sont les regrets de Rutebeuf. Enfer et illumination. Elle est le paradoxe. Vouloir la capturer, c'est l'obscurcir. 

Nietzche poète avant d’être philosophe, Rimbaud, il s’est tu parce que les gens à son époque ne pouvaient le comprendre.

La poésie, ça ne se lit pas assis, mais debout, elle n’est pas sédentaire, mais nomade, c’est la volonté de partir. On ne retient pas la poésie, on ne l’enferme pas, on ne la trouve pas dans les académies, dans les institutions, aucun parti ne peut la saisir. Elle est le mouvement. On ne baigne jamais deux fois dans le même fleuve. Elle est le fleuve qui se jette dans l'océan. 

Elle réfute tous les dogmes, elle tue tous les exégètes, les escrocs du décorticage. Elle est la vague, le dépassement, la transgression singulière.

Ne croyez pas que la fumette suffit, que la mescaline aide, que l’opium inspire, elle est la voix, la poésie, la voix intérieure. Elle est pour être articulée à voix haute. Ne pas la lire la tête basse, mais la tête levée. Ne pas l'entendre les bras croisés. On ne la scande pas dans la raideur. Les discours universitaires ne peuvent la comprendre. Elle ne s'apprivoise pas. Exprimez ce message professeurs! Ne craignez pas les inspecteurs en cravate! Vous connaissez mieux l'indignation de la jeunesse que les chercheurs de mandats! Pas de syndicat en poésie!  

Alors professeurs, s’il vous plait, arrêtez de la rendre mortifère par vos discours savants!  Rendez-là aux jeunes qui veulent devenir vagabonds! Ouvrez les fenêtres! 

La poésie, c’est la vague qui se lève, l’offrande pour le cerveau droit, hors cases, hors catégorie, hors tous les syllogismes, elle n’a pas besoin de théories, elle est orale la poésie, elle est le cri, les trouvères déjà chantaient, ils marchaient de village en village.

Pas d’immobilité, pas de fauteuils confortables, pas de canapés en cuir, elle se vit dehors, elle n’est pas assignée à résidence, elle est la sortie, l’aventure. Sans obligations sanitaires.

Alors, professeurs, évidemment, on vous répliquera, la poésie, à quoi ça sert?  Je me rappelle cet inspecteur qui m’avait conseillé d’apprendre plutôt à rédiger un curriculum vitae: passer son temps à gagner sa vie pour la perdre! Voilà la misère de la condition humaine!  N’écoutez pas ces donneurs de leçon, ces pédagogues chiens des institutions ! Soyez professeurs dans vos classes, éveilleurs de consciences, on nous a confisqué le réel, on nous raconte ses mensonges, on nous a confisqué notre vitalité. L'ennui est terrible! Apprenez à en sortir! Par le dépassement emporté par la musicalité de l'air. Je m'en irai dit le poète! Je ne vous retiens pas chers élèves! 

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Alors que tout invite à la prudence, à la sécurité, à l’abandon du risque, apprenez à vos élèves à se tenir debout, à respirer, à sortir! Alors que tout invite à rester chez soi, donnez- leur le goût de la marche! Dites-leur d’abandonner les voitures, les avions, les vélos et trottinettes électriques. Je suis un piéton, rien de plus affirmait Arthur. Dites-leur l’urgence de vivre, de ne pas oublier de dire aux gens qu’on les aime. Maitriser la langue pour mieux la bousculer. 

En conclusion, ni Dieu, ni maître en poésie, alors seulement des maîtres passeurs, non pas bienveillants, mais vigoureux, non pas psychologues, mais profondément humains, tout ce qui ne te tue pas, te rend plus fort. Toi, tu marcheras dans le soleil disait Arthur à sa soeur dans son agonie. Un conseil, lisez Sylain Tesson sur Arthur.

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