Un banjo modèle Derroll Adams pour le MIM
A Bruxelles, le Musée des Instruments de Musique vient de se voir confier un banjo qui a accompli un sacré chemin. Il s'agit d'un Framus à cinq cordes, modèle Derroll Adams, pareil à celui dont jouait le grand folk singer américain auteur de la chanson "Portland Town". Derroll, artiste nomade et pacifiste, né en Orégon en 1925, côtoya Woody Guthrie et Bob Dylan. Il vécut vingt années en Belgique, à Bruxelles puis à Anvers, où il s'est éteint au tournant de l'an 2000. Chez nous, il a joué avec Gérard De Smaele, banjoïste de talent, qui a rédigé plusieurs ouvrages dédiés à cet instrument populaire et à son histoire.
Il se fait que Gérard avait un ami journaliste qui lui avait prêté son banjo. Bernard Mariaule travaillait au quotidien franco-belge Nord-Eclair. Reporter itinérant, il connaissait bien la frontière et aimait les grands espaces et les gens. Il se passionnait pour le folk et le blues. Attaché plusieurs années à la rédaction de Mons, il lui arrivait de passer par le Marché-aux-Herbes avec son banjo. Quand Derroll a chanté dans un café du quartier, Bernard était là. Derroll jouait en up picking, avec les ongles, comme le précise Gérard Desmaele. Son style était unique. Etait-ce par hasard que Bernard Mariaule avait acheté chez Hill's Music, rue du Marché-au-Charbon, à Bruxelles, un modèle identique à celui dont jouait Derroll au début des années 70? Trois étoiles marquaient son chevillet...
Le don fait au MIM perpétue la mémoire du journaliste qui aimait la musique de Derroll. Et celle de l'artiste choisi par la marque Framus pour un modèle qui s'est vendu au rythme d'une centaine d'exemplaires par an, et dont existèrent plusieurs versions. Le musée Framus, en Allemagne, en témoigne. Madame Christine Di Silvestro et son fils, le Dr Emmanuel Mariaule, ont suivi Gérard Desmaele quand celui-ci, avec l'accord de Danielle Lévy-Adams,- épouse de Derroll- , pensa que l'instrument devait être préservé. Pour que ce don s'accompagne d'une histoire, Gérard a retracé dans un document l'itinéraire du banjo "Three stars" comme on pourrait le surnommer. Le cinéaste Patrick Ferryn y a joint une copie de son film de 2006. Il porte le titre de la chanson, "I was born in Portland town".
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Pourquoi s'attacher à la trajectoire d'un banjo parmi tant d'autres? Parce que Bernard Mariaule est parti en 2015 alors qu'il avait le temps de prendre la route sur sa Harley en emmenant son banjo et les rêves qu'il poursuivit avec constance. Les papiers de Bernard dorment dans les collections de Nord-Eclair. A l'époque où il acheta le banjo, il tapait ses textes sur une antique machine à écrire dont le crépitement avait peut-être un rythme de banjo. Les hasards de l'errance auront fait qu'un Framus marqué de trois étoiles entre dans un musée, en souvenir de l'artiste qui avait donné son nom à l'instrument et d'un journaliste, par la grâce de sa famille et d'amis. On dirait une chanson, pas vrai?
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