Le Gaulois rétif et le ministre démissionnaire

Poing de vue

Par | Journaliste |
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"Nous resterons sur la terre, qui est quelquefois si jolie", écrivait Prévert. Mais à un kilomètre de cette minuscule grenouille ardéchoise, un éboulement vint rappeler aux promeneurs du crépuscule la réalité des menaces que les excès humains provoquent dans ce calme qui n'a d'immuable que l'apparence. Photo © Jean Rebuffat

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Au-delà des ambiguïtés du personnage, Nicolas Hulot était une caution de qualité pour l'actuelle majorité française. Il vient de découvrir qu'avoir de l'influence n'est pas avoir du pouvoir. Mais sa démission du gouvernement et toutes ces péripéties ne peuvent cacher la profondeur, la réalité et l'urgence du problème environnemental.

Déjà en 2002, Jacques Chirac (peu connu pour ses penchants vers l'écologie politique) observait que «notre maison brûle et nous regardons ailleurs». L'incendie s'est accru et même si nous commençons à apercevoir la maison en flammes, l'immédiateté domine toujours le débat. À commencer par ce constat: il n'aura pas fallu plus d'un jour pour qu'un «trait d'humour» d'Emmanuel Macron à propos des Gaulois réfractaires au changement efface les remous de la démission de son ministre. La question gauloise est pourtant anecdotique face à la planète malade... voire moribonde. Non seulement le président de la République émet-il une contrevérité (en réalité il y a deux France, la conservatrice et la révolutionnaire; et d'ailleurs, en 220 ans, la France a connu quatre formes différentes de royauté, un consulat, deux empires et cinq républiques, sans compter la sinistre parenthèse pétainiste; pour une nation rétive au changement, c'est beaucoup) mais encore cache-t-il de plus en plus mal que ses références constantes au changement sont démenties dans les faits. Il semble désormais urgent de délayer les urgences. Alors pour le prélèvement de l'impôt sur le revenu à la source, c'est peut-être secondaire, mais pour la planète, attendre, de délais en exceptions, de prolongations en atermoiements, ce n'est pas assurer un statu quo, mais laisser la catastrophe se développer, voire l'aider, inconsciemment ou délibérément.

Croire que les lois du marché vont empêcher les banquises de fondre, le plastique de flotter, les typhons de circuler et les thermomètres de s'affoler, ce n'est désormais plus seulement ridicule: c'est criminel. Or qu'entend-on, cette semaine, en France? Des agriculteurs qui pleurent le glyphosate, des chasseurs heureux de descendre des volatiles toujours plus rares à moitié prix et des experts qui recommandent la mise en chantier de six nouveaux générateurs pour éviter (on croit rêver) de perdre le savoir-faire français en la matière!

Eh bien il y a des savoir-faire dont le monde se passerait volontiers. Et il y en a d'autres, neufs, à imaginer, à créer et à développer dont le monde a furieusement besoin. Malheureusement, en cette branche, il y a peu de lobbies et encore moins de force de frappe économique. Aduler les entreprises existantes, finalement, c'est manquer d'imagination.

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