On s'habitue, c'est tout

Poing de vue

Par | Journaliste |
le

Image de l'ouragan Irène captée sur le site de Météo-France

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Jacques Brel chantait jadis: «On n'oublie rien de rien, on s'habitue, c'est tout» et cet alexandrin m'est venu à l'esprit en voyant les images des dernières catastrophes météorologiques en contrepoint des suites des récents attentats terroristes. Car dans les deux cas, une dangereuse banalisation se produit dans les esprits et il ne faudrait pas qu'admettre une fatalité aboutisse à ne pas la combattre.

Même les religions s'y accordent, pour une fois. Le proverbe «Aide-toi, le Ciel t'aidera» en constitue une parfaite illustration (encore que cela ne suffise pas toujours, car comme le soulignait déjà Bussy-Rabutin, «Dieu est d'ordinaire avec les gros bataillons contre les petits»). Ne pas agir, démissionner non seulement manque de panache mais surtout aboutit à cette dislocation de la solidarité sociale dont on voit bien les périls qui la guettent de tous côtés.

Le premier point commun entre les deux phénomènes, la colère homicide de la nature meurtrie et la folie aveugle d'hommes égarés, c'est qu'elle peut désormais sévir partout. Le terrorisme, sous nos latitudes, a franchi un stade supplémentaire en ne visant plus des cibles précises et symboliques (un musée, une école ou un magasin juifs, un journal satirique,...) mais en frappant au hasard comme les tempêtes, typhons, inondations et autres glissements de terrain. Dans l'imaginaire commun, par exemple, s'il y a bien un pays dont on suppose a priori qu'il devrait échapper à une coulée de boue meurtrière sur un village, c'est bien la Suisse, pays puzzle aux mille normes parfaitement respectées.

Le risque est dès lors réel de hausser les épaules et de dire que puisqu'il n'y a de toute façon rien à faire, ne faisons rien et continuons comme si de rien n'était. C'est un peu l'option des climato-sceptiques, qui observent non sans raison que l'homme ne peut rien contre les glaciations mais qui en déduisent que ce ne sont donc pas les activités humaines qu'il faut maîtriser. Or la théorie actuelle qui prévaut quant au terrorisme rejoint cet esprit démissionnaire: «Ils en veulent à notre style de vie». Elle est partiellement vraie mais réductrice. Le remède proposé rejoint l'attitude je-m'en-foutiste: «La vie continue». Oui, il faut qu'elle continue, mais justement pour qu'elle continue, il ne faut ni arrêter de promouvoir nos valeurs de tolérance et de libertés ni oublier de nous défendre.

Est-ce parce qu'un tsunami peut faire un million de morts qu'il faut renoncer à construire des digues?

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Lien intéressant sur les cyclones, ouragans et autres typhons

 

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