Oui, et ensuite?

Poing de vue

Par | Journaliste |
le

Qui n'a pas envie, en effet, de ces moments de convivialité, de plaisir et de luxe? Mais... et ensuite, que fait-on du monde? Photo © Jean Rebuffat

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Il est peu de dire que la conjugaison de l'apparition des variants avec les retards de la vaccination plombent l'atmosphère. Il y a une sorte de délectation morose qui entretient le phénomène. Personne ne nie que ce qui se passe n'est pas très rigolo mais à la pandémie bien réelle s'en ajoute une autre, une sorte de couche psychologique à la Cassandre qui me semble manquer de pertinence. Tous les aspects négatifs sont soulignés à l'envi dans les médias et les réseaux sociaux. Ces aspects existent et les mises en garde sont fondées, là n'est pas la question; mais tout cela donne une allure de fin du monde.

Non, n'en déplaise au président de la République française, nous ne sommes pas en guerre. Et les privations que nous subissons, mises en perspective de ce qui se passe en cas de guerre, apparaissent somme toute supportables dans l'absolu. On entend parler de génération sacrifiée. Alors il est vrai que les jeunes, adolescents ou adulescents, peuvent difficilement se raisonner quant à la remise à un ou deux ans de certains aspects de la vie qui leur sont confisqués par le virus. Mais entre ça et les tranchées d'il y a cent ans, il y a une différence de niveau colossale.

Hypnotisée par le court terme, les chiffres répétés, les mesures qui vont et qui viennent, obnubilée parce ce qui manque plutôt que par ce qui reste accessible, l'opinion publique ne pourra jamais se mobiliser si on ne lui offre pas des perspectives d'avenir, non pas celui du luxe provisoirement impossible des vacances de ski, mais les vraies, celles qui se posent et qui restent, pandémie ou non, comme le désastre écologique, la montée des mouvements inquiétants, l'aggravation des injustices et l'incapacité criminelle à englober toutes ces problématiques dans un projet cohérent et plausible. La crise sanitaire révèle certaines dérives, on distingue bien des frémissements, les circuits courts, par exemple, ou des réinvestissements industriels dans des secteurs où la mondialisation a montré ses cruelles limites. Mais où reste la vraie discussion? Après, que ferons-nous? Certes, nous irons tous au cinéma et au restaurant, nous pourrons assouvir des envies de voyage et de contact – très bien. Mais cela, ce n'est que l'apéritif. Le champagne, la bagnole et un blockbuster ne font pas la vie. Il n'y a rien de plus réactionnaire, de plus conservateur, de plus retardataire et finalement de plus idiot que limiter le programme en soupirant qu'il faudrait que tout revienne et redevienne comme avant. La théorie du panem et circenses, en quelque sorte. Mais s'il est très bien de manger à sa guise et de se distraire à sa convenance, est-on sûr que cela garantit des surlendemains qui chantent?

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