Trop ou pas assez

Poing de vue

Par | Journaliste |
le

Plus de cinq milliards de résultats en une seconde... Presque un par être humain! Qui dit trop, qui dit pas assez? (Capture d'écran d'une recherche Google)

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L’espace médiatique consacré au Covid-19 est-il disproportionné? C’est un reproche qui est souvent entendu – comme d’habitude, peut-on dire, car dès qu’un événement est d’ampleur, et donc largement couvert, on se pose toujours la question de déterminer, un peu comme dans l'image célèbre de l'œuf et de la poule, qui a commencé: l'importance donnée à l'événement s’enfle et s’auto-entretient, en quelque sorte. Ce n’est pas toujours faux et le phénomène a tendance à s'amplifier à cause des réseaux sociaux et du buzz toujours plus omniprésent. On finit par disserter sur ce buzz lui-même plutôt que sur l'événement originel.

Dans le cas du Covid-19, personne ne doute que l'événement est planétaire et certainement pas les malades qui sont touchés. Toutefois, beaucoup soulignent que la couverture médiatique est anxiogène et qu'elle contribue à ce titre à démoraliser les populations. On peut se demander si le rôle de la presse et des médias et de chanter systématiquement “Tout va très bien Madame la marquise” mais il n'en reste pas moins que c'est une vraie question: tous les médecins vous diront que le moral d'un malade contribue à sa guérison ou à l'aggravation de son mal. La réponse doit être nuancée car si l'on peut comprendre ce point de vue, il est évident que faire semblant que tout va mieux peut à terme être également désastreux. D'une part cela induit à penser qu'on nous cache quelque chose et fait donc le jeu des complotistes; de l'autre, en minimisant la menace, à finir par aggraver la pandémie.

Quel que soit le média envisagé, il a un format, une durée, un espace, peu importe; il est déjà de ce fait limité intrinsèquement et extrinsèquement parce que l'intérêt du lecteur, de l’internaute, de l'auditeur ou du téléspectateur n'est pas infini. L'importance que l'on attribue dans ce format à l'événement qu'on veut mettre en valeur diminue de facto la place qui reste à toute l'actualité résiduelle. Or celle-ci continue tandis que son intérêt absolu ne diminue pas.

Ce qui est remarquable dans la crise actuelle, c'est que ce débat que l'on pourrait croire exclusivement journalistique débouche sur un comportement du même genre au niveau de la vie quotidienne. Prenons deux exemples allant du futile au grave. La réouverture des salons de coiffure est saluée comme un événement de première importance, ainsi qu'on l'observe en Belgique où Figaro pourra à nouveau œuvrer à partir du 13 février. Si l'on veut bien y penser, cela ne change pas énormément la vie des gens d'avoir les cheveux un peu plus longs, même si c’est malaisant. Bien sûr il faut aussi que les coiffeurs puissent vivre mais c'est aussi le cas des esthéticiennes et des tatoueurs, lesquels patienteront. Plus grave est la constatation que les dépistages pourtant utiles voire nécessaires sont pour l'instant délaissés...  En outre, comme obnubilés par la pandémie, les patients ne se font pas soigner pour leurs maladies habituelles.

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Là, on en arrive à espérer que l'on pourra revenir à la vie d'avant sans trop changer celle-ci. Cela dépend principalement de la réussite de la campagne de vaccination, compromise tant par les retards de livraison que par un certain scepticisme ambiant, du reste en voie de diminution. Mais voulez-vous parier? Quand le Covid-19 sera derrière nous et qu'un autre événement prendra beaucoup de place médiatique, on se posera à nouveau la même question: trop ou pas assez ? Sans compter le sempiternel: vous ne dites jamais que les mauvaises nouvelles!...

 

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