Bains de mer et crevettes capitales

À table avec l'Ogre

Par | Journaliste |
le

J'aime les restaurants où l'on prépare à la vue et au su de la clientèle. J'aime d'autant plus quand c'est bon! Reportage photographique © J. Rebuffat

commentaires 0 Partager
Lecture 5 min.

Et alors, l’Ogre, on ne va plus au restaurant? Si fait, mon bon lecteur. Bien sûr, ma belle lectrice. Mais il y a des périodes où l’on retourne dans ses cantines favorites: celles qui suivent les fermetures, restrictions et autres confinements. Je vous en parle bientôt, encore que la semaine prochaine, je vous emmène à New York. Car à dire vrai, si en dehors de mes habitudes, je n’ai fait que deux repas un peu innovants, ils étaient à la hauteur et donc je vous emmène à la mer.

À la mer, mais attention: celle-ci se trouve à des endroits parfois inattendus, par exemple à Saint-Gilles ou à Waterloo. Comme je suis sûr que vous adorez les bains de mer, on va commencer par là, tiens, par “les Bains”, juste en face du majestueux hôtel de ville de Saint-Gilles.

Il y a au moins trois bonnes raisons d’y aller: l’assiette, le verre et l’accueil. Que vous arriviez sur le coup de midi pour le lunch offert (c’est le mot, à ce prix) ou que vous veniez pour un véritable gueuleton. Le verre, normal: ce fut naguère un bar à vins, reconverti en resto mais toujours à la recherche de bouteilles originales qui ne vous ruinent pas (et accessibles à la vente au verre, six à huit euros pour la plupart). On n’a que le bien qu’on se fait: après une entrée amusante (un tartare de bœuf et d’huîtres),

ma commensale et moi avons opté pour le plateau de fruits de mer garni d’un homard breton. Pour réussir un plateau, que faut-il? Des fruits de mer de toute première fraîcheur, pas compliqué, me direz-vous, suffit d’avoir de bons fournisseurs. Exact. Mais le homard, lui, a été cuit à la demande et tout simple, il était tout bonnement dé-li-cieux.

Sur la photo, il n’est pas encore arrivé. Et sur celle que je lui ai consacrée, il était tout flou, il faudrait vous contenter de ma parole! Pour vous consoler, je vous offre une autre photo, derrière le bar. Et je vous recommande de vous laisser guider dans vos choix par la sommelière, Laurine. Elle est ligérienne mais très éclectique: elle ne vous proposera pas que des vins de Loire.

Bref, mieux que bien: très bien.

Autre endroit sympathique: Momo la Crevette. L’Ogreline, en partance prochaine pour l’Équateur, avait réclamé un repas d’adieu maritime. La viande rouge, c’est pas son truc, depuis le temps, vous la connaissez.  J’avais eu l’occasion de discuter, lors d’une dégustation chez Caspian Tradition, avec Thierry, celui que vous voyez à gauche dans la cuisine de “Momo la Crevette”, qui s’était exclamé, “comment, tu n’es jamais venu? Eh bien viens!”. C’était l’occasion. Là, si on veut de la viande, il vaut mieux s’annoncer, et si l’on veut du poisson, il faut parfois admettre, comme c’est d’une fraîcheur exceptionnelle, que certains plats manquent. Thierry m’avait vanté son filet de Saint-Pierre façon Rossini: il n’y en avait plus. “Mais je vais te mettre un autre poisson bien ferme à la place, ne pleure pas!”

Il n’y avait pas de quoi pleurer, en effet.

Pendant ce temps, l’Ogreline, désireuse probablement de boucler ses valises en gardant en mémoire de bonnes vieilles préparations classiques, après les croquettes aux crevettes,

avait opté pour un filet de daurade parfaitement réussi, me dit-elle tandis que j’avalais goulûment le foie gras et que je nappais mon poisson de sauce bourguignonne.

Mais mon entrée? Eh bien je la laisse pour la fin, encore que je l’ai mangée sagement avant le plat, parce que cette entrée m’a vraiment fait plaisir. Chez Momo, des crevettes du monde, il y en a onze, venues d’un peu partout. Je vous entends grogner mais alors la fraîcheur, la fraîcheur? Je cède la parole à Thierry. “Je les fais venir surgelées, mais attention, hein! Pas bêtement surgelées. Surgelées à -75 degrés, comme un vaccin Pfizer! Elles sont saisies toutes fraîches, tu n’as pas idée, il faut évidemment les dégeler de la manière adéquate, mais alors, eh bien c’est comme si elles sortaient du marché.”

Le hasard de la vie a fait que j’ai vécu plusieurs mois à Saigon. (Vous comprenez pourquoi j’aime tant la cuisine vietnamienne.) Au marché Tan Dinh, j’achetais (assez cher pour l’endroit, même au prix indigène: la vendeuse de jus de sucre de canne qui parlait parfaitement le français m’avait introduit auprès de ses collègues, je n’avais même pas à marchander pour voir le prix fondre...) j’achetais de ces merveilleuses crevettes géantes que je faisais rôtir sur un petit barbecue individuel en terre cuite. Elles étaient d’une fraîcheur et d’un goût incomparables. Oh, que j’en ressens la nostalgie! Maintenant je sais où éteindre ce doux sentiment (surtout que la carte des vins vous indique de quoi participer à l’extinction sans trop vous ruiner).

Il semble que vous appréciez cet article

Notre site est gratuit, mais coûte de l’argent. Aidez-nous à maintenir notre indépendance avec un micropaiement.

Merci !

Les Bains, Avenue Adolphe Demeur 41, 1060 Bruxelles

Momo la Crevette, chaussée de Bruxelles 202, 1410 Waterloo

commentaires 0 Partager

Inscrivez-vous à notre infolettre pour rester informé.

Chaque samedi le meilleur de la semaine.

/ Du même auteur /

Toutes les billets

/ Commentaires /

Avant de commencer…

Bienvenue dans l'espace de discussion qu'Entreleslignes met à disposition.

Nous favorisons le débat ouvert et respectueux. Les contributions doivent respecter les limites de la liberté d'expression, sous peine de non-publication. Les propos tenus peuvent engager juridiquement. 

Pour en savoir plus, cliquez ici.

Cet espace nécessite de s’identifier

Créer votre compte J’ai déjà un compte