Le réveillon de l'Ogre

À table avec l'Ogre

Par | Journaliste |
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Là, pour un seul œuf à la coque, il y en a un peu trop. Reportage photo © J. Rebuffat

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L’Ogre, vous pensiez qu’il avait disparu, emporté par quelque cirrhose, annihilé par la goutte, abîmé par le covid (dont agueusie et anosmie sont les meilleurs potes) ou quelque chose comme ça? Erreur. Il préparait les réveillons. À son rythme, qui est celui de la digestion. On l’a vu dans quelques dégustations bien senties, tombant le masque pour engloutir délices et délicatesses ou ingurgiter nectars exotiques ou insolites.

Bon, j’arrête, je parle de moi, là, et je vais juste vous donner quelques tuyaux pour épater la galerie avec autre chose que le vin en réclame chez Carrefour.

Imaginons que par exemple, vous décidiez d’offrir à vos invités un peu de caviar. Oui, je sais, c’est cher. Mais peut-être est-ce la dernière fois que vous aurez l’occasion de le faire, gâter vos invités, soit qu’omicron les mangera, soit qu’il vous cible? Alors soyons fou. Bien sûr vous pouvez vous rendre à Lyon et vous y fournir en caviar malgache chez Christophe Geoffroy. Mais si vous habitez à quelques centaines de kilomètres de la capitale des Gaules, vous allez probablement chercher plus près. Moi, si je suis à Bruxelles, je n’ai qu’une adresse: Caspian Tradition. Ne croyez pas qu’il faut aller jusqu’en Iran pour ça. D’ailleurs l’esturgeon sauvage est une espèce tellement protégée que c’est l’aquaculture qui a pris le relais. Le caviar peut ainsi être italien, français ou belge. Là, il est chinois parce que la Chine, ce n’est pas que Wuhan, il y a non loin de la mer Caspienne des lacs idoines dans lequel l’esturgeon se sent comme chez lui.

Comment apparaître d’une folle générosité en étant non pas radin mais soucieux de ses deniers? Servir le caviar sur un œuf à la coque. Un œuf bio, bien sûr, un gros œuf bio, trois minutes vingt à l’ébullition (déposez l’œuf prudemment) et une fois l’œuf prêt et décalotté, y déposer délicatement le caviar. Comme même gros un œuf n’est pas gigantesque, sans lésiner mais sans exagérer, vous pourrez proposer un des plats les meilleurs qui soient.

Et qu’allez-vous boire avec tout ça? Je vais vous étonner : du crémant luxembourgeois. Quoi, cette piquette? Holà, je vous arrête! D’abord ça fait cent ans cette année qu’on fait du crémant selon la méthode champenoise dans le Grand-Duché, quasiment avant l’invention de la banque, dites donc! Et ensuite, le réchauffement climatique et de façon générale les progrès en œnologie ont œuvré pour rendre les vins luxos d’une qualité alsacienne et à des prix véritablement raisonnables. Peut-être vous faudra-t-il aller jusque-là, car la majeure partie de la production n’est pas exportée, mais après en avoir goûté plus d’une vingtaine, j’ai été conquis non seulement par l’excellence de leur qualité mais aussi par la variété à la dégustation – tous les vignerons qui produisent du crémant n’utilisant pas les mêmes cépages pour faire leur vin pétillant.

Ah, vous êtes foie gras? (Moi aussi.) Vous pouvez continuer au crémant. Autre chose?

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Un dernier tuyau, alors. Je vous ai déjà parlé de ces fous qui entendent démontrer à l’univers ébahi que le chasselas est un cépage capable de faire un vin de qualité. Et à la dégustation de cette année, j’ai en effet été ébahi par un vin savoyard qui, c’est bien simple, figurera sur ma table le 24 au soir, j’ai nommé la Goutte d’Or, cuvée de décembre 2014. On laisse la pourriture noble s’emparer du chasselas (le coup des vendanges tardives, vers le 15 décembre, ils doivent être occupés à l’heure où j’écris ces lignes) et on obtient un vin onctueux mais pas écœurant, je dirais même presque étonnamment sec, avec des notes complexes et longues où chacun trouvera le fruit qu’il veut, mangue, coing, passion,… Si vous êtes invité? Hélas non. Croyez bien que je le regrette, mais les précautions sanitaires, vous comprenez…

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