Le cuivre chilien du juge belge

Emois et moi

Par | Journaliste |
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Michel Claise me dédicaçant son dernier roman, "Cobre". Photo © J.-F. Hanssens

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Lecture 2 min.

Michel Claise, je le connais depuis longtemps, ayant professionnellement fréquenté assidûment les palais de justice durant toute une partie de ma carrière. Avocat puis juge, spécialisé dans les affaires financières, il n'a jamais mâché ses mots, sauf à les ressortir notamment sous forme écrite. Car il est aussi romancier et ses coups de gueule médiatiques bien connus se prolongent dans ce qu'il écrit. Ainsi "Cobre" (cuivre), son dernier roman dont on lira le compte-rendu dans quelques jours dans notre rubrique "L'as-tu lu, Lulu?".

On s'en doute au substantif espagnol, l'histoire se passe dans un pays hispanophone, en l'occurrence le Chili, et nous retournons au premier des 11 septembre, celui de 1973, le jour du coup d'état qui renversa le président démocratiquement élu, Salvador Allende. Si la trame est inventée, les faits et les lieux, eux, ne le sont pas. Faisant l'éloge de l'un des plus beaux pays du monde, dont il est très évidemment tombé amoureux, Michel Claise, en présentant son livre à la librairie TaPage, a insisté sur les leçons qu'il convient de tirer de la tragédie chilienne et qui restent d'actualité même si à présent, cette république est redevenue une démocratie où il existe désormais une classe moyenne entre les très pauvres et les très aisés. Pourtant tout ce lourd passé pèse encore. Pour ne prendre qu'un exemple anecdotique, au stade de football où les prisonniers politiques furent rassemblés, on laisse systématiquement des gradins vides: ils sont occupés par les fantômes des victimes de la répression. Ce stade a été le théâtre d'une scène incroyable: un barrrage était organisé entre le Chili et l'URSS pour la coupe de monde de 1974. L'URSS refusant de jouer, l'équipe chilienne monta seule sur le terrain, marqua un but qualificatif sous les clameurs que les prisonniers, stockés aux tréfonds du stade, entendirent...C'était le 21 novembre 1973. Les deux observateurs que la Fifa avait envoyés pour voir si tout était normal à Santiago avaient rentré un rapport d'une extrême sobriété: tout était normal, les gens semblaient heureux, il y avait des voitures dans les rues et les magasins étaient garnis et fréquentés.

La réalité, les écrivains le savent bien, est toujours plus forte que la fiction...

Michel Claise, Cobre (cuivre), éditions Luce Wilquin, 2017, 20€.

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