Le nouveau contrat social

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Par | Penseur libre |
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Le 22 avril 2004, un jeune manifestant protestait à Jakarta à l’occasion du 60ème anniversaire du FMI et de la Banque Mondiale. Photo © Jonathan McIntosh. Wikimedia Commons.

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Aujourd’hui, grâce aux enquêteurs courageux, des journalistes, des chercheurs, des militants de Greenpeace et autres associations et syndicats, des femmes engagées comme Vandana Shiva, nous savons ce que sont les GAFAs, les grandes multinationales extractives, les compagnies d’aviation, le tourisme maritime, les transporteurs routiers, les industries d’armements et de l’automobile qui figurent au top des grands destructeurs et pollueurs de la planète. Ce sont les mêmes qui sont parvenus à assécher les finances publiques des Etats en éludant l’impôt, en spéculant sur les prix et en pratiquant la flibusterie financière. Ils accumulent dans les paradis fiscaux des sommes astronomiques, plus importantes que celles de n’importe quelle puissance étatique. Nombre d’entre eux pactisent allègrement avec les grands réseaux mafieux qui alimentent les circuits des différents trafics de drogue, du sexe, des armes, de migrants.

Leurs moyens sont tels qu’ils parviennent à orienter l’ensemble du processus décisionnel de nos Etats et de faire adopter des règlementations qui sauvegardent leurs privilèges.

Dans ces circonstances, plaider pour le commerce équitable, pour une alimentation bio et des vêtements propres ou mesurer son empreinte carbone peut aider à faire comprendre la nécessité d’adopter des comportements plus conformes à une éthique citoyenne et même solidaire.

Toutefois, n’est-ce pas un emplâtre sur une jambe de bois qui risque d’égarer le citoyen si dans le même temps on n’est pas en mesure de le mobiliser pour combattre collectivement le modèle du TINA, l’ultra libéralisme que Mme Thatcher et Ronald Reagan sont parvenus à imposer au monde depuis 50 ans, soit deux cycles longs en économie. C’est un exploit que l’on doit au mépris de ces gens-là à l’égard des peuples et des syndicats. Ils ont mandaté pour ce faire les institutions de Bretton Woods, la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International dont on sait qu’ils se mobilisèrent pour mettre les Etats à genoux au moyen - très élaboré - des politiques d’ajustements structurels. Ces P.A.S., d’abord appliquées aux Etats du Grand Sud, sont aujourd’hui imposées au monde entier et même à l’U.E. qui a soumis les Etats de la Zone Euro aux mécanismes délétères de la convergence budgétaire. Mécanismes d’une extraordinaire perversité qui ont abouti à la destruction des principales protections sociales et à l’affaiblissement des fonctions régaliennes des Etats. C’est ainsi que les Etats et l’U.E. se retrouvent délégitimés et que les citoyens déboussolés se retournent alors contre ces mêmes institutions et Etats qui ont failli à les protéger.

Les dégâts humains et contre le milieu naturel causés par l’industrie extractive et chimique des deux derniers siècles avaient amené l’ONU à sonner l’alerte il y a plus de 50 ans mais personne ne s’y intéressa, à l’exception de quelques associations d’avant-garde.

Aujourd’hui, c’est plus que jamais contre les méfaits causés par ces grands trusts et conglomérats de la finance et du business qui dominent la scène mondiale qu’il faut porter le combat car c’est eux qui structurent le modèle ultralibéral de l’économie mondialisée et en tirent les profits.

Alors, ne nous trompons pas d’engagement car, de tout temps il y eut des Jeanne d’Arc pour sauver la royauté française, l’église de Rome ou les puissants de l’époque. Aujourd’hui, l’Europe s’est trouvé la petite Greta Thunberg et l’U.E. a déployé son New Green Deal, se voulant ainsi à l’avant-garde pour relever le défi climatique. Or cette Europe-là est soumise et promeut d’abord le TINA ultra libéral.

Je crains pour le sort qui sera fait à Greta, une fois l’engouement passé et son rôle marginalisé, une fois les jeunes retournés à l’école. Ne risque-t-elle pas de se retrouver larguée comme le fut « Sœur Sourire » le jour où elle voulut faire savoir son homosexualité ? Exit le couvent, exit les médias et les droits d’auteurs qui restèrent entre les mains de sa congrégation.

L’urgence climatique exige donc de ne pas se tromper de combat ni des moyens à mettre en œuvre pour le gagner.

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Au cas où vous auriez des doutes sur mon jugement à l’égard du FMI, je vous invite à lire la contribution de mon ami Eric Toussaint, président du CADTM : http://www.cadtm.org/FMI-Inhumain-aux-niveaux-micro-et-macro
 

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