M. Beulemans prend le tram

Emois et moi

Par | Journaliste |
le

Le tramway, une partition que les Bruxellois n'ont jamais oubliée. Photo © Jean Rebuffat

 
commentaires 0 Partager
Lecture 3 min.

Je suis comme Gabrielle: j'aime les trams. Aussi me suis-je promené en ce beau 1er mai 2019 où j'étais à Bruxelles depuis le palais de justice jusqu'à celui des beaux-arts en admirant les vieux machins qui ravissent le goût universel du passéisme nostalgique et à Bruxelles, ce remords idéalisé d'un temps où la ville bruxellait (mais Brel chantait ça il y a déjà un demi-siècle...). Un voyage dans le temps est toujours agréable. Pourtant, qui parmi les passagers d'un après-midi seraient ravis d'être secoués tous les jours par des engins pareils? Le charme de la banquette en bois, de la promiscuité dans ces espaces minuscules et de l'inconfort thermique est une excellente piqûre de rappel. Aujourd'hui le transport public est volumineux et confortable, messieurs dames! Banquettes en cuir, air conditionné, silence ouaté, voilà la règle et elle est efficace: plus c'est beau moins c'est abîmé et plus il y en a plus on en prend. Et plus on le prend plus il faut voir grand.

Par quel miracle Bruxelles a-t-elle gardé (oui, Bruxelles a les deux sexes, quel avant-gardisme!) ses trams alors que bien des villes européennes les sacrifiaient, partant du principe que tous ces rails ne servaient à rien, qu'un autobus c'était aussi bien qu'un tram et que cela se faufilait même mieux dans le trafic, puisque de toute façon, on ne prenait le tram que provisoirement, en attendant d'avoir l'âge ou les sous pour rouler en voiture?

Il a bien raison, le monsieur qui regarde la flèche de l'hôtel de ville, vision fugitive et superbe vers le bas de la ville. Car dans un instant, ce sera comme Villeroy n'a pas pu faire et qui d'autre part fait partie du folklore bruxellois: Jef, de flèche is af!

Il semble que vous appréciez cet article

Notre site est gratuit, mais coûte de l’argent. Aidez-nous à maintenir notre indépendance avec un micropaiement.

Merci !

Bien sûr c'était ringard, un tram. Un métro, ça oui, c'était moderne, cela faisait grande ville, il en fallait bien un, non, dans la Capitale de l'Europe?

Eh bien quitte à vous surprendre, je vais dire oui. Je n'ai jamais été hostile au métro. Mais à condition de ne pas penser qu'il remplacerait les trams. Tenez, la ligne Nord-Sud, châtrée à Albert parce qu'Uccle n'en voulait pas, même qu'aujourd'hui elle s'en mord les doigts, mais quelle idée idiote de la faire passer sous les boulevards haussmaniens du centre entre gares du Nord et du Midi! Au lieu d'en chasser les voitures et d'en faire circuler à vitesse lente sur ce qui aurait été un vrai piétonnier un tramway sympathique... Là, on aurait lancé une mode! On en a raté des coches, à Bruxelles, au nom de la modernité et des conservatismes de tous poils. On a commis des erreurs épouvantables dans cette ville dont stupeur, les indigènes constatent soudain qu'elle n'est pas moche et que l'univers entier se déplace pour le constater. Il faudra faire avec ces erreurs, ces errances et ces errements. Mais n'y a-t-il pas comme un sentiment de fierté à pouvoir dire à toutes ces villes qui recréent à grands frais des lignes de tramway qu'ici, à Bruxelles, le tram n'a jamais disparu ni du paysage urbain ni du folklore local?

 
commentaires 0 Partager

Inscrivez-vous à notre infolettre pour rester informé.

Chaque samedi le meilleur de la semaine.

/ Du même auteur /

Toutes les billets

/ Commentaires /

Avant de commencer…

Bienvenue dans l'espace de discussion qu'Entreleslignes met à disposition.

Nous favorisons le débat ouvert et respectueux. Les contributions doivent respecter les limites de la liberté d'expression, sous peine de non-publication. Les propos tenus peuvent engager juridiquement. 

Pour en savoir plus, cliquez ici.

Cet espace nécessite de s’identifier

Créer votre compte J’ai déjà un compte