Une décennie très mal engagée

Il y a une idée de fin du monde qui flotte sur la planète et qui peut-être s'auto-entretient plus qu'on ne le soupçonne, même si les causes semblent diverses et sans liens. Ce n'est pas dû qu'à l'évident dérèglement climatique, lequel est en soi déjà un drame considérable qui nécessite des réponses énergiques et tranchées plutôt que les tergiversations des grands messes style COP. Pourtant en 2020, avec le confinement dû au covid, on a bien vu qu'il y avait moyen d'infléchir le cours des choses. De même, les aides massives (le fameux quoi qu'il en coûte) ont démontré amplement que d'autres politiques que la rigueur pouvaient se concevoir.

De tout cela sont restées quelques terrasses et quelques pistes cyclables, personne ne voulant vraiment changer de vie, et à présent une inflation qui accroît encore la béance entre ultra-riches et pauvres, comme pour donner raison 175 ans plus tard au père Marx.

Pendant ce temps-là, le pire humain, la guerre, se préparait. Ou se continuait. Ou se perpétuait. Entraînant son cortège d'horreurs, d'exclusion et de haine.

Ne voit-on pas que sans espérance, c'est fatalement le désespoir qui gagne? Que l'accumulation des malédictions a un effet de spirale? Et que pour en sortir, en ces années d'élections, le désintérêt et l'extrémisme sont des réponses aussi tentantes que vaines?

On n'applaudit plus à 20 heures sur les balcons le personnel soignant, on râle aux urgences parce que cela ne va pas assez vite. On veut plus et on a de moins en moins. L'Europe ne s'ennuie plus, comme en 1968, elle ennuie. Intellectuel est devenu une insulte et la laïcité, un atteinte à la liberté. Une nouvelle utopie parviendra-t-elle à mobiliser les générations montantes? Lesquelles, dans les régions nanties, font de moins en moins d'enfants, ce qui prouve leur manque de confiance dans le XXIème siècle. Qui est le nôtre et qui restera le leur jusqu'en 2101. D'ailleurs peut-être la décroissance commencera-t-elle par un trou démographique...