Éloge de l'imperfection et de l'erreur

Pour remettre les idées à l’endroit...

Par | Penseur libre |
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Éloge de l'imperfection et de l'erreur

Si dans les mouvements Freinet, certains et certaines d’entre nous paraissent avoir atteint un niveau de perfection dans leur connaissance du Mouvement et de la pédagogie Freinet, de ses pratiques diverses, des écrits qui foisonnent à son propos, de ses relations avec la Politique et j’en passe, il ne faut pas s’y tromper, ce ne sont pas des superhéros de la pédagogie ni des bibliothèques ambulantes. Ils restent imparfaits. Ils continuent à douter sur certaines questions. Ils sont parfois encore à quia face à des questions posées par de jeunes enseignants ou enseignantes qui se lancent en pédagogie Freinet.

Et c’est très bien ainsi. Ils savent qu’ils ne savent pas tout. La meilleure réaction qu’ils puissent avoir c’est d’imiter l’enseignant Freinet dans sa classe quand il est confronté à la question d’un élève à laquelle il n’a pas de réponse  : l’inviter à chercher ensemble en se documentant, en consultant dictionnaires, livres et internet. En pratiquant ainsi, il sort grandi aux yeux de son élève et, en plus, ce dernier apprend qu’il n’est pas honteux de ne pas savoir et que de toute façon, on ne peut savoir tout  !

L’imperfection qui nous guette à tout moment dans notre travail quotidien, dans l’animation d’un groupe, peut être aussi liée à l’erreur, parfois consécutive à la peur de se tromper. Mais nous en faisons tous et toutes des erreurs, dans le champ qui nous est propre (la pédagogie), mais bien sûr aussi dans notre vie personnelle, publique et intime. Longtemps, l’école a utilisé le terme ô combien culpabilisant de faute pour désigner les erreurs dont les élèves parsèment leurs documents personnels. Le statut de l’erreur à l’école a lentement évolué au cours de ces cinquante dernières années. Des enseignants (pas tous malheureusement) se sont petit à petit rendu compte que si l’erreur était seulement sanctionnée par une cote minimale ou un commentaire blessant, cela ne servait pas à grand-chose, tandis que quand elle est reconnue comme faisant partie du processus de l’apprentissage, elle peut devenir un tremplin pour une acquisition fructueuse de connaissances.

Il est troublant de constater que les éducateurs (enseignants comme parents) sont beaucoup plus tolérants à l’égard des erreurs commises par un enfant lorsqu’il apprend à parler, à marcher, à rouler à vélo que lorsqu’il est confronté à l’accord du participe passé. Tomber de son vélo lorsqu’on apprend à rouler n’a pas le même statut que faire des fautes d’orthographe dans un texte ou une dictée.

Il faut donc, à mon sens, redonner un statut dénué de dénigrement à l’erreur à l’école et proposer à nos élèves une stratégie créative lorsqu’ils se rendent compte de leurs erreurs ou qu’on les leur fait remarquer. Ce n’est pas évident, car dans notre société, l’erreur n’est que rarement considérée comme formatrice.

Bien sûr, cette stratégie doit être accompagnée d’une prise de conscience de l’erreur par l’apprenant et d’un souci permanent de pratiquer l’autocorrection. Dans le domaine orthographique, qui est un de mes domaines d’expertise, on ne peut que constater, en s’attardant un peu sur les réseaux sociaux, que l’orthographe n’est guère importante aux yeux des personnes qui s’expriment. C’est un problème difficile que nous n’arrivons pas encore à résoudre. Les outils de correction orthographique ne manquent pourtant pas à notre époque, minimaux comme ceux qui sont liés aux traitements de texte ou particulièrement complets comme Antidote. La plupart des dictionnaires ont leur version numérique. Mais apparemment, beaucoup n’y recourent pas, parce que cela ne leur apparait pas comme utile et pire, certains et certaines considèrent que c’est leur «  liberté  » d’écrire de cette façon.

Donc, il semble que de plus en plus, il faille laisser les gens écrire, certes, mais trouver les moyens de leur faire prendre conscience de leurs erreurs en intervenant auprès d’eux pour améliorer leur expression. Je le fais régulièrement sur l'internet et en 20 ans d’interventions de ce type (où j'avais essayé d'utiliser un ton le moins docte possible), je n’ai reçu qu’une seule volée de bois vert.

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Henry Landroit

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