« J’appartiens à la rue »

L'as-tu lu,lulu?

Par | Journaliste |
le

Pour secouer les consciences!

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Lecture 3 min.

La rue, cette jungle et ce refuge à la fois, représente l’ultime destination pour des milliers de paumés de la vie, de perdants dans notre système économique et social de plus en plus inégalitaire, de migrants fuyant les guerres de toutes sortes : économiques, de pauvreté, de belligérants qui s’en prennent de plus en plus aux civils…

La rue, cet espace de rencontres, de convivialité, de partage de l’espace, cette démarcation entre le privé et le public, ce lien entre toutes les catégories de population, la rue devient un enfer lorsqu’on y sombre dans l’extrême pauvreté, dans le désarroi, dans l’alcoolisme et la drogue, dans la souffrance du rejet, dans le manque d’amour humain.

C’est tout cela que nous confie Denis Uvier, travailleur social dans les rues de Charleroi, depuis 1993, lorsque le prêtre ouvrier Paul Trigalet l’engagea à « Solidarités Nouvelles ».  Denis Uvier décrit l’enfer dans lequel il a été lui-même submergé pendant des années : désespoir, colère, alcool, drogue, débrouille pour la survie, petits métiers, amours brisés, des enfants dans ce tumulte et l’espoir qui revient, la main tendue par Paul Trigalet, l’action pour les autres.

Le témoignage est poignant. Ce sont ses mots à lui, sa « confession » qui ne demande pas de pardon mais un partage de savoirs. Car qui connaît vraiment les drames vécus par ces personnes paumées, englouties dans les problèmes et l’indifférence ou la peur de nos concitoyens ? Le travail, la plupart du temps admirable, des travailleurs sociaux ne suffit pas à endiguer la montée de la misère. Il faut y ajouter la solidarité de tous ces hommes et femmes de bonne volonté qui savent que nous sommes tous « frères humains ». Car, en filigrane de ce texte, se devine cette douloureuse supplique de François Villon dans « La ballade des pendus » vers 1450 : « Frères humains, qui après nous vivez, n’ayez contre nous le cœur endurci, car si pitié de nous pauvres avez, Dieu en aura plus tôt de vous merci ».

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C’est bien en « frères humains » que nous sommes interpellés par Denis Uvier et par notre confrère Marcel Leroy, porte-parole éloquent et sensible de ceux qui n’ont pas droit à la parole publique. Il a accompagné Denis Uvier dans la rédaction de ce livre, l’éclairant par un prologue, une interview, un épilogue et des balises qui situent l’ampleur du problème des sans-abris, des SDF, de l’action sociale et celle de nombreuses associations. Celles-ci démontrent que le combat contre les inégalités se poursuit plus que jamais, supplantant la charité d’antan, car il vise l’instauration de plus de justice sociale et de solidarité. (G.L.)

https://www.solidaritesnouvelles.org/

  • Denis Uvier, avec Marcel Leroy. « J’appartiens à la rue ». Editions du Basson. Septembre 2019. Charleroi. 170 p. 15€.
  • Ce livre sortira officiellement le 7 septembre à Charleroi lors d’une soirée conviviale pour découvrir 27 nouveautés de 9 maisons d’éditions : du local à l’universel, de l’inattendu, du surprenant, du touchant. A 18h30 au PBA (La Réserve). Entrée gratuite.
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