Les cités de Caïn
Le Chant la vie par Serge Noël, le 13 octobre 2016

Photo © Jean-Frédéric Hanssens
te souviens-tu les nuits
ne s’épandaient que vers le milieu du soir
sur les villes pleines de haine et de peur
enfants qu’avez-vous perdu de vous-mêmes
femmes qui portiez le souci de la vie
hommes à terre en train de supplier l’adversité
les nuits ne se répandaient
taches de sang bouches blessées
cœurs à jamais ouverts sur le néant de l’autre
oiseaux qui surviviez dans un ciel où le vent est revenu
branches soudain défoliées
les nuits ne se répandaient qu’à la veine du temps
le temps court amis enfants femmes hommes
le temps coule et c’est un couteau bleu qui ouvre le ventre
dans les rues les massacres et le vent
dans le ciel une lune d’acier couvre la misère des sommeils
chacun d’entre nous résumé à son ombre
chacun méfiant trompé défiguré
que le visage de l’homme se dessine ici
qui va me frapper qui va me voler me rompre
quel riche homme d’affaires va nous réduire encore
pour avoir plus d’argent ce sang de la honte
quel soldat va faire mourir les gamins dont les os trouent la peau
la vie humaine vaut moins que le purin sur les travées des routes
et les palais culminent là où se tordent les bras des putains
nous n’avions que mépris nos rires fracassaient les corps
nos dieux étaient l’ivresse
l’horizon rapace de nos appétits
et le temps qu’il fallait pour concasser une âme
villes immenses dures et recuites
routes de fer où couraient les chevaux noirs de la mort
tout en haut vivaient les rois leurs serviteurs et
leurs chiens
sur le sol rampaient les hommes nus
villes noires sous des cieux noirs
nuées de sauterelles faites de bouches avides et menteuses
je ne suis pas né pour vivre ici
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