Rachel et les siens
Les livres d’histoire ne racontent pas les sentiments, les histoires vécues par les gens, les simples gens qui ont fait l’histoire. Le roman permet parfois de vivre cette histoire et de mieux comprendre les opinions, les interprétations, les croyances sur des sujets très complexes.
C’est le tour de force gagné par l’écrivain suisse francophone d’origine turque séfarade, Metin Arditi avec son poignant « Rachel et les siens », la vie d’une petite fille juive vivant en Palestine, devenue jeune fille talentueuse remarquée dans un kibboutz et ensuite grande dramaturge israélienne.
A travers cette vie, l’auteur nous retrace la vie de Jaffa en 1917 où les communautés juives vivaient insérées dans les villes palestiniennes, commerçaient, nouaient des liens d’amitié profonds avec les Palestiniens. Il décrit l’arrivée des réfugiés juifs victimes des persécutions en Europe, la constitution de kibboutz qui préfiguraient une colonisation anéantissant petit à petit les droits des Palestiniens qui commencent à se révolter. Avec l’instauration de l’Etat d’Israël, les familles juives et palestiniennes sont bousculées, déchirées par les décisions politiques prises sans leur accord.
Les amis d’antan vivent des destins qui les poussent à s’opposer voire même à se combattre. Et la voix de Rachel qui met en scène la coexistence pacifique d’antan n’est plus entendue.
Elle se tait temporairement, anéantie par la mort de son mari et de sa fille lors d’un attentat commis par des Palestiniens. Elle se réfugie à Istanbul, espérant une nouvelle vie et est confrontée au racisme anti juif des Turcs de l’époque. Puis, elle revient en Israël.
Un livre poignant tant les sentiments sont intenses, les vies croisées se déroulent devant nous nous illustrant de manière très vécue, très humaine, les événements sanglants qui ont marqué le siècle passé.
Une pierre dans le cœur
Un deuxième roman, signé, lui, par Yanne Dimay, nous plonge dans l’histoire actuelle de la Palestine et d’Israël. Elle nous raconte sa propre expérience d’ateliers d’écriture qu’elle a menés pendant six ans dans les départements français des universités de Cisjordanie et de Gaza. De manière romancée, elle nous permet de rencontrer des étudiant.e.s palestinien.ne.s, leurs rêves, leurs espoirs, leurs luttes, l’organisation de la société palestinienne à Gaza sous blocus, en Cisjordanie occupée. Les révoltes et les luttes y compris contre l’autorité palestinienne.
Une fois de plus, le roman nous fait comprendre les subtilités des situations complexes vécues par les deux peuples que la politique et la guerre ont fait s’opposer.
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Gabrielle Lefèvre.
- Metin Arditi. "Rachel et les siens". Ed. Grasset. 2020.
- Yanne Dimay. "Une pierre dans le cœur". Ed. Riveneuve. 2021.
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