Le sparadrap du capitaine Haddock

Poing de vue

Par | Journaliste |
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Vers où, en effet? On ne sait mais on y va vite. Photo © Jean-Frédéric Hanssens (voir aussi question d'optique)

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L'été est chaud, les forêts brûlent, les glaces fondent, les mers montent et les ours blancs feraient bien d'apprendre à faire la planche. Mais il y a un curieux rapprochement à faire entre les climatosceptiques et ce qu'on appeler les totalitarosceptiques qui ne perçoivent pas combien les petites entorses, les paroles incontrôlées et les lâchetés que la lassitude engendre détruisent tout aussi sûrement un autre monde, notre monde, le monde démocratique, dont peut-être nous avons sous-estimé la solidité.

L'esprit humain est ainsi fait. Il nie d'abord. Il débat ensuite. Il prend des mesures tardives qui s'avèrent insuffisantes, fruits d'un compromis entre ce qui est tenable et ce qui est souhaitable. La bonne vieille stratégie du «mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose» continue à faire ses preuves. Le tabac, ce poison? Les fluorocarbonés, ces déchireurs de couche d'ozone? Le diesel, ce producteur de microparticules? Le glyphosate, innocent herbicide tellement utile (comme l'amiante), l'automobile, destructrice des villes, le béton, solution miracle pour les immeubles et les ponts... Les exemples pullulent et dans le monde des idées, aussi.

Il n'y a pas accommodement avec les droits de l'homme. On le sait et pourtant, en Belgique, depuis le premier de ce mois d'août torride, on met à nouveau des enfants dans des centres fermés. Allons allons, regardez la belle photo, il y a des jouets et des toboggans sur l'espace entre la pièce dont on ne peut sortir que pour tomber sur la grille que l'on ne pourra franchir qu'en étant renvoyé dans un pays dont on ne veut plus. Renvoyé: le mot est trop faible. Envoyé. Les enfants qui y ont été placés sont nés en Belgique. Même aux États-Unis, où le président a d'abord voulu séparer ces enfants illégaux de leurs parents, nés sur place, ils seraient américains... Les visites domiciliaires, même mentalité: allons allons, Mme Beulemans, ça n'est pas si grave, n'est-ce pas!

Eh bien si. Nous érigeons des digues, plus ou moins solides. Nous nous indignons. Nous défendons nos droits. C'est indispensable mais faudra-t-il encore une génération pour reconnaître que la vraie dimension des problèmes est planétaire et jeter enfin à la poubelle le sparadrap du capitaine Haddock? Les problèmes, apparemment, il ne faut pas les résoudre, il faut les fourguer aux autres – les migrants, par exemple – comme ce pansement qui fait le tour de l'avion dans «L'Affaire Tournesol». Avez-vous remarqué? Il finit par revenir au capitaine.

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