Quand n'y aura-t-il plus de Pyrénées?

Poing de vue

Par | Journaliste |
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Barcelone, 2018. Le rêve catalan d'un Premier ministre français. Photo © Jean Rebuffat

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Ainsi donc, un ancien Premier ministre français, Manuel Valls, toujours député, est-il candidat à la mairie de Barcelone. On s'y attendait. Le personnage laisse rarement indifférent. Lorsqu'il est devenu Premier ministre, peu ont souligné la particularité de cette nomination: celle d'un naturalisé et non un «Français de souche», pour peu que cette expression ait un sens. C'était une première mais le personnage est tellement clivant que le reste a occulté ceci. A-t-on assez souligné, à l'inverse, que Barack Obama fut le premier président noir des États-Unis!

Né à Barcelone d'un père catalan et d'une mère suisse, Manuel Valls, naturalisé à 20 ans, a néanmoins passé la majeure partie de son enfance à Paris, la capitale catalane étant plutôt un lieu de visites familiales et de vacances. Ses adversaires à l'élection municipale soulignent sa méconnaissance de sa ville natale. Pourtant on ne peut pas nier que son implication dans la vie politique catalane et espagnole, peut-être par attachement sentimental classique à ses racines, ne date pas d'aujourd'hui. Même son amour pour le Barça avait déclenché une polémique bien française quand, Premier ministre, il était allé avec un de ses fils dans un avion de fonction voir à Berlin jouer le club de son cœur. Pourtant, au grand dam de sa sœur, qui lui a parfois expédié quelques tweets dans ses gencives, Manuel Valls est hostile au nationalisme catalan, dont le Barça est clairement un symbole.

Mais quittons le domaine des opinions pour rejoindre celui du principe. Quoi qu'on pense de l'individu, la démarche est intéressante. Si l'on veut en quelque sorte appliquer cette idée selon laquelle il faut créer une identité européenne, pourquoi, en effet, trouver étrange qu'un ancien dirigeant d'un pays européen puisse poursuivre sa carrière dans un autre?

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Le parti socialiste français avait approché Paul Magnette dans l'idée qu'il pourrait être tête de liste aux européennes en France. Le bourgmestre de Charleroi a décliné, certes, mais cela ressortait un peu de la même idée. Et si on creusait celle-ci? Une mesure simple, déjà évoquée à maintes reprises, serait d'élire une partie des députés européens dans une circonscription qui rassemblerait la totalité des pays membres, soit 27 à la date des prochaines élections européennes, le Brexit ayant eu lieu un peu moins de trois mois auparavant. Cet internationalisme n'est évidemment pas dans l'air du temps. Au contraire, les pays européens facilitent de plus en plus le vote de leurs expatriés, comme s'ils avaient peur que ceux-ci leur échappent.

Alors oui, dans cet esprit d'effacement des frontières, et encore que je ne partage pas ses vues politiques ou sa vision de la crise catalane, je trouve qu'il y a quelque chose de sympathique dans la candidature de Manuel Valls à la mairie de Barcelone.

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