"Achetez une femme!"

Emois et moi

Par | Journaliste |
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Cette caricature est piquée de la page de Raul Fernando Zuleta, un dessinateur colombien qui espère que ce dessin fera le tour du monde et contribuera à promouvoir les droits des femmes. Eh bien Raul, voilà qui est fait!

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C'est la journée des femmes et des acouphènes. Il y a des raccourcis qu'on ferait mieux d'éviter. D'ailleurs je sais: ce n'est pas la journée des femmes, mais des droits des femmes. On nous en rebat les oreilles jusqu'à comprendre pourquoi on a aussi songé aux acouphènes. Hein, avouez-le, vous avez pensé que j'allais me livrer à quelque sexiste et mâle plaisanterie, genre “qu'est-ce que les bonnes femmes nous cassent les oreilles”... Eh bien non. Le 8 mars, le monde entier rivalise de sexisme bienveillant à en écœurer le plus féministe des hommes, c'est-à-dire moi (en toute modestie), mais pas au point de verser dans le mauvais goût d'imaginer qu'un peu de second degré, de temps en temps, fait du bien. Non, restons sérieux, et ne faisons pas comme Pierre Tchernia, dont on ressort l'image tous les 8 mars (si c'est ça l'immortalité, laissez-moi m'endormir du sommeil de la terre, comme le disait si bien Vigny), lequel eut l'outrecuidance machiste de faire un reportage un brin sarcastique au salon des arts ménagers dans les années soixante où il exhibait tour à tour les nouveautés qui n'étaient encore qu'électriques avant de conclure sardoniquement qu'il existait un appareil pelant les pommes de terre, langeant les enfants et faisant la cuisine: la femme. “Achetez une femme!”, conseillait-il.

J'ai suivi ce conseil. Plusieurs fois, d'ailleurs.

Eh bien ça n'a jamais fonctionné correctement. Bien sûr, en théorie, une femme peut en effet langer des enfants, éplucher des pommes de terre et même faire la cuisine.

Mais en pratique, un homme peut tout autant qu'elle langer des enfants, éplucher des pommes de terre (etc.) même si certains font semblant du contraire, voire, si on les force, éplucher les enfants et langer les pommes de terre.

Pire.

(Je frémis en l'écrivant, laissez-moi respirer un bon coup avant de poursuivre. Un homme, c'est émotif, vous savez.)

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Pire: un homme peut trouver une joie profonde au rire et au gazouillis de l'enfant heureux d'être fraîchement langé et une satisfaction existentielle ineffable en imaginant le plaisir que ses invité.e.s vont éprouver en dégustant le gratin dauphinois qu'il prépare en commençant par éplucher les pommes de terre (ce qui prouve au passage combien il est parfaitement organisé).

Bon, je vous laisse, le lave-linge m'appelle.

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