Berthe alors

L'Œil et l'Oreille

Par | Journaliste |
le

Toute l'élégance sans mièvrerie de Berthe Morisot dans cette Femme à sa toilette. Photos © Joker

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Lecture 3 min.

Longtemps réservée aux hommes, c'est-à-dire aux mâles, la peinture a toujours été plus ou moins clandestinement été pratiquée par des femmes. Un peu comme la musique, finalement. Quand je pense que le père Mendelssohn disait à Fanny que son rôle était d'être une mère et une épouse parfaites, je vous envoie écouter sa musique, et quand on cherche le nom d'une peintre, immanquablement, le nom de Berthe Morisot sort presque immédiatement. Il vous reste le mois de février pour vous en convaincre, si besoin en était: portes académiques fermées, il fallait trouver sa propre voie et pour cela, connaître celle des autres. Berthe a donc étudié dans les musées la peinture du XVIIIème siècle dont elle s'est largement inspirée à la fin du XIXème.

Je reste pourtant un peu déçu de ma récente visite au musée Marmottan-Monet. Oh, il est toujours aussi intéressant en lui-même, mais l'expo actuelle m'apparaît somme toute un peu frêle. Watteau, Boucher, Fragonard et le moins connu Perronneau sont à l'honneur dans le cœur de l'artiste, laquelle, rappelons-le, baignait littéralement dans la peinture depuis son plus jeune âge et refusa, mariée au frère de Manet, Eugène, de faire comme sa sœur Edma, cesser de peindre. Contrairement à une idée reçue, l'avant-gardisme n'était pas l'œuvre de peintres maudits. Ces gens se fréquentaient en bons bourgeois en artistes de toutes disciplines et beaucoup, d'ailleurs, notamment parmi les impressionnistes, firent fortune.

L'expo cite quatre peintres du XVIIIème, donc (encore que le musée soit dans le XVIème, mais là il s'agit de l'arrondissement, pas du siècle), et on en voit quelques toiles, dont un Boucher tout gracieux d'une jeune fille endormie. Il y a bien entendu aussi des Morisot, sortis des collections du musée mais aussi plus rarement exposés. Hélas, à se vouloir didactique, l'expo déçoit un brin, surtout que l'on se perd en longues explications sur des détails mais qu'on ne décrit pas les influences contemporaines de Berthe Morisot, comme par exemple Renoir (et à mon sens ce n'est pas ce qu'elle a le mieux réussi).

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Berthe est morte dans la cinquantaine de la syphillis que lui avait collée son mari (lequel en mourut avant elle, bien fait, tiens). C'est surtout le zèle de son unique fille, Julie Manet, qu'elle eut à presque 38 ans, qui fit la gloire posthume de Berthe Morisot. Un an après la mort de sa mère, avec l'aide de son tuteur, un certain Stéphane Mallarmé, elle organisa la première exposition de très grande ampleur des œuvres de Berthe Morisot, et, peintre elle-même, passa sa vie à commémorer le centenaire de la naissance de nombreux impressionnistes. Rappelons au passage que c'est à Marmottan, rebaptisé Marmottan-Monet depuis une vingtaine d'années, que ce trouve le célébrissime Impressions - Soleil levant qui donna son nom au mouvement. On ne remerciera jamais l'illustre inconnu qui, méprisant, choisit le nom d'impressionniste pour qualifier cette peinture qu'il détestait. Je n'ai pas manqué de faire pour la nième fois le pèlerinage devant ce petit tableau fondateur.


Au musée Marmottan-Monet, 2, rue Louis-Boilly, F-75016 Paris
Tel. : + 33 (0)1 44 96 50 33
Ligne 9 du métro, arrêt La Muette ou Ranelagh, ligne C du RER, arrêt Boulainvilliers
Jusqu'au 3 mars

<p>Comment Berthe Morisot s'inspire de Fragonard. Copier c'est bien et ça apprend mais réinterpréter, c'est mieux.</p><p>Le portrait de sa nièce, Paule Gobillard, en robe de bal</p><p>Douceur et sensualité de cette <em>Jeune fille endormie, </em>de Boucher</p><p>Vous l'avez reconnu: <em>Impression - soleil levant. </em>En patientant quelques minutes, on peut admirer la célébrissime toile de Monet sans être bouscule, en dessert de l'expo Morisot</p><p>... mais c'est très chic de se faire photographier devant le Monet avec un téléphone, même quand on dispose d'un si bel appareil</p>
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