Douces pensées - Hommage à Jean Coulon

Une édition originale

Par | Penseur libre |
le

© Jean Coulon

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Lecture 3 min.

C’est sous le signe de douces pensées que l’Espace d’Art Le Neuf a monté cette exposition en hommage au graveur Jean Coulon, décédé l’an dernier.

Ce lieu d’art à l’accueil convivial, qui vient de fêter ses cinq années d’activités, a déjà fait preuve à maintes occasions de son goût pour la gravure, spécialité trop rare en galerie.

Nous avons déjà pu y voir le travail d’artistes tels que Roger Dewint, Danièle Aron, Roby Comblain, ou Monique Dohy, entre nombreux autres. Sculptures, vidéos, photographies et peintures occupent aussi à l’occasion les cimaises.

Artiste dans le plus noble sens du terme, Jean Coulon a toujours partagé son désir de création entre la musique et la gravure. Et ce va-et-vient entre deux disciplines, disait-il, équilibre la solitude de sa tour d’ivoire de graveur et son besoin d’affection humaine entre musiciens. Accords polyphoniques et isolement pour la maturation du faiseur d’images.

Les gravures de Jean Coulon ont proposé des choses bien différentes au fil du temps et des périodes de sa production. A travers la force indéniable de son dessin, on retiendra quelques grandes compositions, où l’on retrouve de manière presque violente les images nées dans l’esprit d’un jeune adolescent à la lecture de son premier livre d’aventure. De Conan Doyle à Jules Vernes en passant par Conrad, des ports lointains reçoivent des voiliers anciens et gigantesques, porteurs eux-mêmes de profusion d’images. Jean Coulon le dit très bien quant il parle de « la beauté hypnotique de ce qui est trop grand ». Grâce à ce phénomène, nous constatons alors que nous sommes toujours dans l’enfance.

Ainsi, les arbres, les navires, les oiseaux, les insectes envahissent l’espace et deviennent alors une matière créatrice. Et tout ceci trouve un écho formel dans la façon dont le graveur organise les différents plans de ces paysages insensés, d’ici à très loin, de l’ombre à la lumière.

Je disais donc qu’entre gravure et musique, Jean Coulon passe de la tour d’ivoire à l’agora. Etre seul en gravure, être ensemble dans la musique. Sons et vibrations pour se mettre en espace avec le monde. Et le saxophone, ce corps/machine, est l’occasion pour le graveur d’exprimer un désir de Babel. Les instruments de musique émergent alors d’un délire du dessin propre à Jean Coulon, lent, patient, répétitif… (dixit J.C.).

Kikie Crèvecoeur et Jean-Claude Salemi se joignent à l’hommage.

Une belle suite de « gommes » de Kikie Crèvecoeur, hypnotique elle aussi, parce que répétitive façon Steve Reich, utilise, en paterne, des motifs floraux ou feuillus d’oliviers, de câpriers, d’arbres d’Argan ou de mûriers. Musicalité encore dans ces glissements de page en page, quant on retrouve presque symphoniquement une petite phrase graphique qui, pareille à elle-même, évolue pourtant dans un déploiement perpétuel.

Les linogravures de Jean-Claude Salemi proposent une exploration entre dessin de presse et images de romans noirs, comme autant d’échos de cinématographies classiques non dénuées d’humour et de tendresse. Musicien lui aussi, Salemi aime les rencontres et les groupes, les chauds rapports entre personnes et le raconte à foison dans ses compositions. Illustrateur et narrateur, il nous montre des guinguettes, des musicos en action, un couple en plein baiser sous un réverbère, une terrasse encombrée de bonheur… Il y a là une sorte de floraison de vies faites de plaisirs et de douces pensées.

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Boris Almayer


Exposition du 19/11 au 19/12 2021
Samedi et dimanche de 14h à 18h
Espace d’Art Le Neuf
Rue Brehen, 9 à 1350 Marilles

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