Les Kurdes, terroristes ou insurgés ?

Zooms curieux

Par | Journaliste |
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Combattante du PKK dans les montagnes de Qandil, en Irak, lors des célébrations de Newroz, le 23 mars 2014. Photo C.C. Wikipedia

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Soulignant triomphalement l’accord de l’OTAN pour l’entrée des deux pays la Finlande et la Suède, nombre de journalistes ont repris sans la moindre distance la qualification de « terroristes » pour les réfugiés politiques kurdes dans ces pays. Membre de l’OTAN, le président turc Erdogan a pesé de tout son poids politique et militaire sur ces deux pays accusés par lui d’abriter des insurgés kurdes. Terrorisés par la proximité avec la Russie, ces deux pays ont abandonné leur rôle historique de zone neutre entre les pays membres de l’OTAN et la Russie. Ce qui crée ce curieux et dramatique paradoxe que, pour des raisons de sécurité, l’Europe et les autres pays membres de l’OTAN ont enlevé la plus importante mesure de sécurité que constituait cette zone – tampon entre deux empires et mettent face à face les forces militaires antagonistes. On ne pouvait pas faire mieux pour réchauffer la guerre froide.

https://fr.euronews.com/2022/06/27/pourquoi-la-suede-et-la-finlande-mettent-elles-fin-a-leur-statut-de-neutralite

Le président turc, qui poursuit la guerre impitoyable menée par les divers dirigeants turcs contre les insurgés du Kurdistan turc, obtient ainsi une nouvelle défaite de pays démocratiques face au droit d’asile ; il a immédiatement envoyé des demandes d’extradition concernant 33 Kurdes.

Selon Euronews, « A travers ce compromis, Stockholm et Helsinki confirment que le Parti des Travailleurs du Kurdistan, le PKK, est une organisation illégale. Les deux pays n'apporteront donc pas de soutien aux groupes qui agissent en Syrie. Ils assurent aussi qu'il n'y a pas d'embargo national sur les ventes d'armes à la Turquie. » Mais on attend plus d’assurance de leur part sur le sort des réfugiés politiques réclamés à présent par le président turc.

https://fr.euronews.com/my-europe/2022/06/30/la-suede-et-la-finlande-veulent-rassurer-les-kurdes-sur-les-conditions-de-leur-adhesion-a-

Les pays européens ont, une fois de plus, sacrifié des valeurs essentielles à toute démocratie, à savoir la protection des demandeurs d’asile – dans ce cas-ci, politique – mettant ces opposants en danger de mort puisqu’on connaît bien le mépris total des droits humains, la partialité de la Justice et la répression sanglante des Kurdes insurgés, qui dominent en Turquie.

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La Belgique et particulièrement Bruxelles a accueilli de nombreux réfugiés kurdes dont la coexistence avec la communauté turque en majorité favorable à Erdogan, est souvent difficile. Le plus célèbre de ces réfugiés est Bahar Kimyongür qui, en 2000, avait interpellé le ministre turc des Affaires étrangères auditionné au Parlement européen, sur une grève de la faim dans les prisons turques, qui fera 119 morts. Un mandat d’arrêt international est donc lancé contre lui par les autorités turques ; c’est ainsi qu’en 2006, Bahar Kimyongür est arrêté aux Pays-Bas, accusé d'appartenir au groupe marxiste turc « DHKP-C » (ce qu'il nie), après qu'il ait traduit un communiqué de l'organisation classée comme terroriste. « Cette traduction lui vaut d'être condamné en première instance en février 2006 à Bruges et en appel en novembre 2006 à Gand, puis d'être acquitté en appel en 2007 à Anvers et en 2009 à Bruxelles à la suite des arrêts de cassation anéantissant les jugements précédents. Lors de son troisième procès en appel, où il est acquitté, les juges refusent de qualifier le DHKP-C de groupe terroriste et organisation criminelle. « Il est de nouveau arrêté en Espagne (18 juin 2013) et en Italie (21 novembre 2013) (à la demande des autorités turques), puis, face à la vacuité de son dossier pénal, Interpol décide le 21 février 2014 de radier le nom de Bahar Kimyongür de son fichier. Acquitté par les justices belge, néerlandaise, espagnole et italienne, il reste cependant recherché par la Turquie. » », lit-on dans Wikipédia.

Des opposants comme lui risquent d’être menacés à nouveau à la suite de la victoire politique du président Erdogan au sein de l’OTAN. Cette organisation qui n’hésite pas à s’allier avec des régimes totalitaires et criminels comme la Turquie, Israël, les pays du Golfe et autres sous prétexte d’assurer notre sécurité. L’OTAN impose ainsi une logique de guerre en miroir à celle de la Russie, empêchant tout autre moyen diplomatique, politique, économique d’arriver à la paix et à la protection des populations. Les Kurdes, les Palestiniens, les Sahraouis, les Yéménites et autres peuples déchirés par les tensions stratégiques des grandes puissances en témoignent. La protection des Nations Unies, de la Déclaration universelle des droits de l’Homme, en est chaque fois amoindrie. 

 
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