Pognon de dingue et dingues de pognon

Emois et moi

Par | Journaliste |
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Capture d'écran du compte Twitter de Sibeth Ndiaye, conseillère en com d'Emmanuel Macron: c'est la vidéo dite du pognon de dingue.

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Un pognon de dingue, s'exclame le président de la République française, est dépensé en aides sociales, et sans résultat, puisque les pauvres restent pauvres. Cela les déresponsabilise. La solution: réduire ces aides, on fera des économies et les pauvres ayant faim se bougeront le cul, pour parler comme Emmanuel Macron.

Il y aurait une autre solution: hausser substantiellement ces aides afin que les pauvres ne le soient plus. Convaincus des attraits de l'aisance, ils feraient comme les nantis, bosser dur pour oublier le boulot à Val-Tho ou à Ramatuelle. Car si les pauvres restent pauvres, cela n'empêche pas les riches de rester riches, que du contraire: ils ne s'appauvrissent pas. Les premiers de cordée ont pour premier souci de ne pas dévisser, et nullement celui de tirer derrière eux toute la misère du monde. À titre strictement individuel, ils s'en foutent complètement des gens derrière, non qu'ils soient inhumains – il y a des riches capables de générosité sincère, je sais, ça peut surprendre mais c'est ainsi; heureusement, ils ne sont pas très nombreux – mais parce que le raisonnement macronien est symétriquement faux. Il se trompe sur les riches comme sur les pauvres pour la même raison: il croit qu'il suffit de vouloir. Ah, si c'était vrai! Cette illusion a eu de bons côtés, depuis le XVIIIème siècle: c'est celle qui avec Condorcet a établi l'instruction publique ou inventé l'ascenseur social. Mais elle ne permet que des exceptions individuelles. En réalité, quand progrès il y a, il est global ou il n'est pas.

Alors dans ces conditions il est plus que normal, M. Le Président, qu'on dépense un pognon de dingue pour les aides sociales. Parce que sans elles, tout simplement, les pauvres mourraient de faim, de froid ou de maladie.

Ce qui serait après tout une façon comme une autre de résoudre le problème.

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Je me tiens à la disposition de l’Élysée, en tant que membre du CPAS d'une commune opulente d'une ville-région dont beaucoup d'habitants sont plus proches de la brioche sortie du four que du pain rassis, pour expliquer comment et pourquoi ce pognon de dingue est à peine suffisant pour éviter ce qu'en général, on appelle une catastrophe humanitaire. Et dans la foulée, je suis prêt à expliquer à l'extrême-droite flamande qu'il est assez logique de trouver parmi les assistés des gens qui sont arrivés sans rien, qui n'ont rien et qui ne demandent souvent qu'une chose: vivre. Et pas obligatoirement comme des dingues de pognon.

La vidéo d'Emmanuel Macron

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