La deuxième vague.

Street/Art

Par | Penseur libre |
le
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Première vague, seconde vague…Personne ne pense à la Nouvelle vague, ni à la mer qu’on voit danser le long des golfes clairs. Tout le monde pense au deuxième assaut de la Covid-19, redoutant la contamination, la maladie, la souffrance, de graves séquelles, la mort et l’attente d’une troisième vague qui, semblable à un tsunami dévasterait le pauvre monde.

Bien sûr, après le temps de la désespérance succède celui de l’espoir. Les vaccins, seuls, portent les espoirs de milliards d’hommes. Une vaccination de masse doit à terme garantir une immunité collective. Nous espérons tous mais nous savons « qu’on n’est pas rendu » ! Encore faudra-t-il survivre avant d’être vacciné ! Espoir et angoisse se mêlent.

La séquence que nous vivons, du point de vue de sa traduction dans les œuvres de street art, a des points communs avec la première et des différences significatives. Nous retrouvons, traduit sensiblement de la même manière, un hommage aux soignants et cela dans tous les pays et une explosion d’œuvres plus légères voire comiques. Un humour pondéré par un regard grave sur la pandémie et ses conséquences. Un thème a été renouvelé, les relations entre l’épidémie et le contrôle des citoyens par les états.

Si, en France, le rituel de l’applaudissement des soignants à 20 heures a, on ne sait pour quelles raisons, disparu, un peu partout dans le monde les personnels de santé ont été honorés. Honorés par les moyens classiques de distinction (reconnaissance par les élus de la nation, primes, médailles etc.) mais aussi par la création de fresques illustrant les différentes catégories de soignants (médecins, chirurgiens, infirmières etc.)

Les œuvres humoristiques sont légion. Elles s’amusent des masques, des masques que l’on porte, ceux qui sont jetés, de la représentation désormais bien établie du virus, de l’obligation qui nous a été faite de rester confinés. Les œuvres dans la rue sont complétés par les dessins de presse et les illustrations. L’ensemble, en nombre, si ce n’est en qualité, est impressionnant. Il témoigne de la fonction cathartique du rire comme soupape à nos peurs et nos angoisses. Représenter ce qui nous terrifie est une façon de le mettre à distance. Dessiner, peindre le virus (ou du moins sa représentation désormais « classique », c’est l’identifier et, par-là, la possibilité de le voir et de le nommer. Rien n’est plus angoissant qu’un mal qui n’a ni nom ni image.

En ce sens, la multitude des œuvres comiques répond à un besoin à la fois psychologique et social.

A l’inverse, un petit nombre d’œuvres illustrent la peur et la nécessité de se protéger. Le registre a changé et le regardeur est invité à partager l’angoisse de l’enfermement et celle du médecin qui ne peut proposer à ses patients ni traitement ni rémission. Les fresques sont graves et sombres. Les artistes n’ont guère exagéré le trait. Le caractère sérieux des œuvres est marqué par la retenue. La forme, la palette, la composition, le lettrage, sont dans le droit fil de cette sobriété. L’allusion, l’hyperbole, la symbolique évitent la violence des évocations.

Des œuvres politiques abordent le contrôle de la société par les exécutifs. IL est vrai que le masque imposé à tous peut être vu symboliquement comme un bâillon qui empêche l’expression des mécontentements et des revendications. Par ailleurs, le croisement de la crise sanitaire et le vote de loi sur la sécurité globale est compris par certains comme des moyens pour limiter les libertés individuelles et un pas de plus vers un état autoritaire.

 

De cette analyse sommaire des œuvres de confinement et de déconfinement je tire deux enseignements essentiels : la monde est désormais un village et les expressions plastiques de nos inquiétudes traversent les frontières et les continents. A un point tel qu’il est difficile de saisir les déclinaisons que les sociétés font de leurs peurs.

Le second enseignement est globalement l’incroyable effroi qui traverse nos sociétés. L’hommage aux soignants, la peur, le rire sont des signes de la Grande peur de ce début de siècle. Peur objective de la souffrance et de la mort, peur de l’enfermement et de la solitude, peur d’un ennemi qu’on ne connait pas. Personne ne connait l’origine de la pandémie, les traitements sont au stade du test. Personne ne peut jurer que d’autres variantes du virus ne vont pas apparaître et se multiplier. Personne ne sait quand nous aurons vaincu le virus. Seules certitudes, le monde d’après ne sera pas comme celui d’avant et cette pandémie vaincue en annonce d’autres, par définition, inconnues.

Bref, nous découvrons que le futur n’existe pas et nous n’avons pas la possibilité de le penser, de l’appréhender, de le saisir comme un doudou qui rassure.

Combo, Paris.

Ardif, Paris.

Banksy, R.U.

Toc Toc, Paris.

La dactylo, Paris.

Jace.

Pez.

Grégos, Paris.

Guido Van Helten, Australie.

Yola Art, Pologne.

Le baron.

Phlegm, R.U.

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Kraco, Paris.

Kobra, Brésil.

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