Vincent Abadie Hafez, aka Zépha, Rosa Parks fait le mur, décembre 2015, Paris.

Street/Art

Par | Penseur libre |
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Décembre 2015, la SNCF inaugure une nouvelle gare du RER E, la gare Rosa Parks à Paris. A cette occasion, un collectif du nord-est parisien, le GFR, sollicite des partenaires (la SNCF, la Mairie de Paris, les  mairie du 18ème et du 19ème arrondissement) pour   mettre en œuvre un projet artistique inédit : faire réaliser sur plus de 400 mètres linéaires la plus longue fresque de Paris.

Les street artists ont décliné des thèmes étroitement corrélés à l’action de la grande militante des droits civiques que fut Rosa Parks (l’égalité, la fraternité, l’amour etc.). La plupart des artistes choisirent d’illustrer la vie de la militante. Ernesto Novo peignit des portraits d’elle en compagnie de Martin Luther King. D’autres rappelèrent la scène fondatrice du bus. D’autres établirent des liens entre la lutte de Rosa Parks et la lutte actuelle des femmes pour une égalité des droits. Une seule, la Bolivienne, Bastardilla, fit le parallèle avec le drame des migrants. Peu nombreux furent ceux qui réalisèrent des fresques abstraites.

C’est à l’un d’entre eux, Zépha, que je voudrais consacrer ce billet. Vincent Abadie Hafez a utilisé comme expression plastique deux moyens : les « calligraphes » et des bandes obliques. Les « obliques » de Zépha n’ont guère retenu l’attention des observateurs. Elles sont pourtant d’une grande beauté et illustrent le talent de cet artiste d’exception.

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Ce qui surprend d’abord, c’est l’importance de la fresque des « obliques ». Elle couvre des dizaines de mètres et jouent un rôle de transition entre les œuvres des autres artistes (par exemple, entre les œuvres de Kashink et celle de Bastardilla). Pourtant, les « obliques » peintes à la brosse, sont remarquables à plusieurs points de vue : leur régularité tout d’abord ; ensuite par les reprises peintes à la brosse qui rehaussent des formes, confèrent du dynamisme à l’ensemble, introduisent d’audacieux contrastes, par l’addition de  formes empruntées à la calligraphie arabe qui  ponctuent la stricte composition en introduisant des ruptures et des « contrepoints ». Si nous isolons une oblique, nous constatons, d’une part, de haut en bas, des variations de couleurs, d’autre part, toutes sont différentes. Ainsi, chaque partie de la fresque pourrait être une toile abstraite dont la largeur dépendrait du spectateur. Les « obliques » qui ont sensiblement  les mêmes dimensions en hauteur et en largeur, qui ont  la même inclinaison, déclinent de multiples gammes de couleurs qui à la fois s’opposent et s’harmonisent aux « obliques » précédentes et suivantes. De proche en proche, les harmonies colorées varient sensiblement, élégamment, des jaunes et des ocres aux bleus et aux verts par exemple.

Les « obliques » de Zépha sont bien  davantage qu’une transition graphique. Elles sont une œuvre à part entière. Une œuvre illustrant les talents de coloriste de l’artiste, l’intelligence de son graphisme, l’adresse de sa main.

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