Violant commente sa fresque « Noé ».

Street/Art

Par | Penseur libre |
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Vous savez, cher lecteur, chère lectrice, que je ne porte mon attention que sur les artistes et les œuvres qui m’intéressent. Cela a l’avantage de parer à toute vaine et évitable polémique. J’adore le débat, je hais la polémique. Je choisis mes débatteurs, histoire de faire l’économie d’instants précieux. Ceux qui me restent.

Ceci dit, il n’est guère nécessaire d’être grand clerc pour déduire de mes modestes billets mon admiration et mon respect pour l’œuvre de Violant. Depuis une dizaine d’années, nous entretenons une correspondance centrée sur l’analyse de ses fresques. Une correspondance indispensable pour en comprendre la signification. Car, et cela est singulier, les œuvres de Violant peuvent être regardées à deux niveaux. Un premier niveau qui est le niveau de la narration. Que nous donne à voir l’artiste ? Quelle histoire nous raconte-t-il ? Un second niveau qui interroge le sens de l’œuvre. L’accès au second niveau est un chemin semé d’embuches car aux significations que nous inférons de l’observation de l’œuvre se mêlent des clés de lecture. Et ces clés, seul Violant en a le trousseau. Aussi, la prudence commande d’entamer un dialogue avec l’artiste avant d’oser proposer au lecteur une signification.

Récemment, Violant a eu l’excellente idée de faire précéder la publication des photographies de ses œuvres d’un court texte qui indique quelles ont été les conditions de sa production, son commanditaire, l’explication de ses choix de représentation.

Avec son autorisation, dans un billet récent, j’ai traduit le texte qui introduit sa belle fresque Pan. Suite à cette publication, je lui ai proposé de traduire de nouveau le texte qui commente la production de sa fresque Noé. Il m’a gentiment autorisé et envoyé les photographies qui illustrent ce billet.

« L’endroit où j’ai peint ma fresque Noé est dans l’un de ces petits villages qui sont séparés par une rivière. Quand les habitants de ces deux villages faisaient la fête, ils embarquaient sur les quais de l’armée pour aller en bateau de l’autre côté. De la sorte, la fête se déroulait des deux côtés de la rivière en même temps.

Je devais peindre ma fresque avec un mec plus âgé que moi, un mec qui n’avait aucune expérience pour peindre une fresque de street art. J’ai dû le convaincre de convaincre le conseil d’administration qui a financé le projet de ce que nous pouvions faire sur le spot. Je savais que cela devait être une image populaire mais je ne voulais pas que ce soit une fresque à la guimauve.

Alors, je me suis souvenu de quelque chose qui pouvait convenir et rendre tout le monde heureux. Ce que j’ai peint, ma fresque Noé, était la représentation d’un genre d’énigme populaire. Le challenge consiste à transporter un chou, un loup et un agneau de l’autre côté d’une rivière, un à la fois, dans un ordre donné, afin que le loup ne mange pas l’agneau et que l’agneau ne mange pas le chou. Vous deviez le faire en le moins de trajets possibles car le soleil se couche et il commence à faire nuit et une telle tâche est impossible à effectuer la nuit. Alors, combien de voyages devrez-vous faire et dans quel ordre ?

Bien sûr, j’ai compliqué le problème en décidant que le loup, l’agneau et le loup étaient dans le même bateau et j’ai appelé mon mur « Noé ». Tout cela pour illustrer ma conviction que nous sommes tous dans le même bateau et que nous pouvons tous faire mieux ensemble.

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Le crocodile que j’ai peint est à mettre en lien avec un mythe urbain du coin qui a un grand barrage à proximité. Les habitants ont inventé l’histoire d’un crocodile vivant dans son lac de retenue, un crocodile qui s’est échappé d’une maison construite sur le bord du lac. Je crois que cette histoire a été inventée pour décourager les nageurs qui prenait la partie arrière du barrage comme un plongeoir.

Le bracelet peint au poignet de Noé a été emprunté au propriétaire du bar où j’ai bu mon café. »

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