semaine 49

Guerre et paix

Edito par Jean Rebuffat, le 05 mai 2023

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Dans le ciel de Vienne, qui après la seconde guerre mondiale fut tout comme Berlin coupée en quatre secteurs, un gigantesque monument soviétique surmonté d'une colonne qui sert de piédestal à un soldat, rappelle et héroïse le rôle de l'armée rouge. Photo © Jean Rebuffat

Il y a soixante-huit ans, en Europe occidentale s’achevait la seconde guerre mondiale. Durant longtemps, le 8 mai fut un peu partout un jour férié. Allez savoir pourquoi, si ce n’est pour faire plaisir le plus longtemps possible aux survivants de la première boucherie du genre, le 11 novembre l’est resté, alors que cette date n’est jamais que celle d’un armistice, pas celle d’une reddition.

Aujourd’hui où le conflit russo-ukrainien nous renvoie aux deux époques, la question de savoir s’il ne faudrait pas en revenir à célébrer ce qui apparaissait comme la victoire sans retour de la démocratie sur le nazisme (le fascisme s’était déjà écroulé) revient à l’ordre du jour. Cependant cela interroge sur la notion même de démocratie. La débâcle nazie, faut-il le rappeler, ne s’est pas faite sans l’armée rouge et Staline n’était pas précisément un démocrate (il avait d’ailleurs d’abord pactisé avec Hitler). Il est piquant, à cet égard, d’entendre Poutine accuser l’Ukraine d’être un ramassis de fasciste; on ne retient jamais de l’Histoire que ce qui nous arrange.

Cette réflexion, pour les démocraties européennes qui crurent un peu vite en 1989 que leur système politique allait vraiment s’étendre de l’Atlantique à l’Oural, ferait bien de s’accompagner d’une autre, qui consiste à observer le peu d’enthousiasme mis par les pays du sud à prendre parti, quand ce n’est pas en faveur pure et simple de la Russie, dans un conflit où l’arrogance, hélas, joue comme souvent un rôle majeur tant dans son déclenchement que son déroulement. Si la diabolisation de l’autre est systématique, elle devient complètement perverse et immensément dangereuse. Aragon a mis ces paroles dans la bouche de Manoukian: Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand. Il n’y avait pas d’autre solution.

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