Bismuth et ses effets toxiques
Edito par Jean RebuffatIl y avait déjà eu Jacques Chirac, voici, en pire, Nicolas Sarkozy. Il a été condamné en appel à une peine de trois ans de prison, dont un ferme. L’arrêt n’étant pas coulé en force de chose jugée, l’ancien président de la République française, qui s’est pourvu en cassation, reste présumé innocent, mais les procès s’accumulent et s’accumuleront. Pour paraphraser un slogan bien connu, ce n’est qu’un début, continuons le combat – car Sarko, il le proclame et il le montre, luttera jusqu’au bout.
Il y a un point de ressemblance entre Donald Trump et lui: ils expliquent les procès par des machinations politiques ourdies par des ennemis servis par des juges partiaux. Dans l’affaire Paul Bismuth, puisque c’était sous cette fallacieuse identité qu’il s’entretenait via un portable qu’il croyait discret avec son avocat quant à la possibilité d’en savoir plus sur d’autres enquêtes en cours, l’argument est tout trouvé: Sophie Clément, qui présidait la chambre d’appel, était un ancien juge d’instruction qui avait publié (avec d’autres) une carte blanche assez virulente dans «Le Monde» en 2009, quand l’Élysée, occupée par Nicolas Sarkozy de 2007 à 2012, avait eu l’idée géniale de confier l’instruction au Parquet (qui dépend de l’exécutif), ce qui avait mis le monde judiciaire en émoi tel que la réforme fut abandonnée.
Supprimer les juges, puisqu’on ne peut pas tous les nommer, c’est un rêve transatlantique partagé par ceux qui se sentent au-dessus des lois, envoyant escouades au Capitole ou dépensant sans compter et sans vergogne pour espérer une réélection qui ne s’est pas produite. Comme quoi il ne faut pas toujours désespérer du suffrage universel.