Ce n'est pas banal, Oostduinkerke

L'as-tu lu,lulu?

Par | Journaliste |
le

La couverture du livre

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Lecture 2 min.

Dans mon existence de nomade et de métèque, il y a bien sûr des points d'attache et parmi d'autres, le Westhoek a joué un rôle polymagdalénien. Il n'est jusqu'à ma petite sœur, morte à Montpellier, à avoir émis la volonté de voir ses cendres dispersées au bout de l'estacade de Nieuport au nom de souvenirs heureux. Alors quand j'ai vu la semaine passée "Oostduinkerke" dans les rayons de l'excellente Bibliothèque nationale du Luxembourg, j'ai sorti le livre et je l'ai emprunté. Je ne connaissais rien de l'auteur ni de l'éditeur, Claire May, aux éditions de l'Aire, à Vevey, Suisse, bien loin d'Oostduinkerke. Mais il était clair que le pont était justement Claire May, dont la quatrième de couverture m'apprenait qu'elle terminait des études de médecine et qu'elle était belgo-suisse. J'ai aimé ce livre malgré ses quelques maladresses de premier roman (même au vingtième, il en reste). Le hasard est parfois heureux. J'ai reconnu les lieux, l'ambiance de ceux-ci, j'ai reconnu tant de choses, été remué par tant d'autres que cette brûlante histoire d'amour toute simple qui n'a en fait pas lieu m'a semblé toute réelle. L'art, c'est ça : se reconnaître soudain, une correspondance magique, une adhésion presque inconditionnelle. Charles Cros l'a parfaitement décrit : Ainsi dans un temps supputable Mes vers vous raviront, vous qui n'êtes pas nés. Presque car c'est comme en amour : un rien, une faute de goût, un geste malheureux et l'illusion s'estompe, c'était une erreur, un malentendu. Mais là, non, pas de quoi se détourner même si l’œil et le cerveau guettent : c'est bien écrit, c'est bien construit. On me dira c'est trois fois rien. Eh bien trois fois rien c'est déjà quelque chose, ce petit je ne sais quoi qui fait sens et qui est un cadeau. Je lis beaucoup de romans, trop m'indiffèrent. Après l'avoir refermé, j'ai bien sûr cherché à me renseigner. Apparemment, ce livre n'a pas plu qu'à moi, il a reçu des prix, des distinctions. Il n'est donc pas insignifiant, il est comme un lieu banal dont soudain quelqu'un souligne la beauté. J'avais envie de connaître la suite. Ce qui l'avait mené ici, à Oostduinkerke – ce n'est pas banal, comme lieu, Oostduinkerke, tout de même. (Jean Rebuffat)

Claire May, Oostduinkerke, roman, aux éditions de l'Aire, Vevey, 2019 (disponible sur les principaux sites de librairies en ligne, par exemple à la fnac.be, 19€, livraison gratuite)

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