L’enquête ouvrière de Karl Marx

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Par | Journaliste |
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Et puisque nous voilà plongés dans l’histoire du communisme afin de contrer les simplismes que certains nous assènent à ce propos, retournons en 1880 avec « L’enquête ouvrière », de Karl Marx. Cette enquête dont les questions ont été rédigées par Karl Marx lui-même représente une grande première dans la lutte ouvrière en France. Car la Grande-Bretagne avait déjà effectué une telle enquête ce qui avait aboutit à la limitation de la journée de travail à 10 h et des lois sur le travail des femmes et des enfants. Rien de tel en France. Le questionnaire a été imprimé à 25.000 exemplaires afin d’être diffusé dans le mouvement ouvrier.

 Karl Marx constatait, en introduction, que seuls les ouvriers des villes et des campagnes « peuvent décrire en toute connaissance de cause les maux qu’ils endurent, qu’eux seuls, et non des sauveurs providentiels, peuvent appliquer énergiquement les remèdes aux misères sociales dont ils souffrent ; »

Et Karl Marx de compter aussi « sur les socialistes de toutes les écoles qui, voulant une réforme sociale, doivent vouloir une connaissance exacte et positive des conditions dans lesquelles travaille et se meut la classe ouvrière, la classe à qui l’avenir appartient. »

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Invitons donc les « socialistes de toutes les écoles » mais aussi les libéraux un peut trop fermés à l’histoire, à lire ce questionnaire, ce qui nous oblige à traduire quelques point en exemples souvent d’une triste actualité. Exemple : « Décrivez la spécialité dans laquelle vous êtes employé ; parlez non seulement de la partie technique, mais encore de la fatigue musculaire et nerveuse qu’elle impose et de ses effets généraux sur la santé des ouvriers. » Aujourd’hui, on parlerait sans doute de « burn out » Et aussi : « Quels sont les contrats que vous passez avec votre employeur ? Etes-vous engagés à la journée, à la semaine, au mois, etc ? » Maintenant on parlerait de « travail au noir » et de contrats temporaires répétés, même dans des professions intellectuelles ! Voici encore : « Quels sont les salaires des femmes et des enfants coopérant avec vous dans le même atelier ? » Bien entendu, il n’y a plus de travail d’enfants (sauf totalement clandestin) mais l’on sait fort bien qu’à) travail égal le salaire n’est pas égal pour les femmes et que, encore trop souvent, des patrons embauchent de manière préférentielle des hommes plutôt que des femmes ou confinant les femmes aux travaux à temps partiel. Enfin, « Citez les cas que vous connaissez d’ouvriers déplacés par l’introduction des machines ou autres perfectionnements. » A l’ère de la robotisation, les ouvriers ne sont pas seulement déplacés, ils sont éjectés vers le chômage.

Ce questionnaire est suivi d’une analyse de Laurent Vogel, maître de conférence à la Faculté de philosophie et sciences sociales de l’ULB, qui décrit l’évolution de ce type d’enquête ouvrière au cours de l’histoire et dans divers pays. L’actualité de la démarche est que de telles enquêtes sont plus un outil de réflexion sur la condition ouvrière de l’époque mais que la méthode est plus que jamais importante avec l’apparition de nouvelles formes de travail dans de nouveaux collectifs de travailleurs (Deliveroo, plateformes logistiques, maintenance dans l’industrie nucléaire, etc.). A eux de mener l’enquête sur leurs propres conditions de travail.

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