Les bons et les mauvais jours

A PA PEUR

Par | Penseur libre |
le

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Lecture 9 min.

C'est sur qu'il y a des jours comme ça, des jours où on se lève bon gré-mal-gré, parce que la nuit a été longue vu qu'on n'a pas très bien dormi. C'est aussi parce qu'elle s'additionne aux autres nuits, la nuit précédente et à celle d'avant, et aussi à celle avant celle d'avant... les nuits où l'on dort mal s'ajoutent aux nuits où on a mal dormi, où on s'est réveillé trois fois et pas toujours pour pisser...Alors quand on se réveille, il y a des jours, avec des matins comme ça, sans avenir, sans goût, incolore, inodore, des jours sans.....sans ce qui faudrait pour que ça devienne un jour agréable, plein de perspectives, de projets, et même plein de n'importe quoi qui pourraient nous passionner, des jours où on voudrait que tout aille bien.....bien qu'on se rende compte que tout va à vau-l'eau. Et on espère-on espère, on s'accroche à de petites choses anodines qui fonctionnent bien, jusqu'à ce que on s'aperçoive que tout ne va pas aussi bien qu'on le voudrait, sans pour cela conclure que tout va mal, non, mais on sait que ça ne va pas très fort et que ça risque d'aller encore moins bien que ce qu'on pourrait imaginer...

Cependant, objectivement, on admet que , malgré tout, on se sent presque sans stress, comme qui dirait : sécurisé ! Essentiellement pour deux raisons : 1) le compte en banque est positif, donc on n'a pas de dettes et, 2) merci l'bondju, on n'est pas malade... juste un peu nauséeux (mais ça, c'est habituel, on ne se retourne plus la-dessus) ; parce qu'on est un peu barbouillé, on se pose la question sempiternelle : qu'a-t-on bien pu manger la veille au soir, le souper comme on dit, pour nous mettre dans cet état là ? On a mangé comme d'habitude, tartine/fromage et tartine/charcuterie ! Avec un verre de vin, et puis après, une tasse de café réchauffé, ce qui reste du matin, s'il en reste. Donc rien qui puisse justifier une petite indigestion avec un réveil nauséeux...à moins que ça ne soit les prémices d'un cancer du colon, mon colon...mais heureusement ça passe, parce qu'il suffit de se dire que tout va bien et que, de penser au compte en banque bien garni et au carnet d'épargne qui ne rapporte rien et auquel on ne touche pas, ben ça permet aux intestins de ne pas se crisper vu qu'on a de quoi voir venir !

Bon ! Mais enfin, bon ! au final, on se rend compte que, si on se sent sécurisé, ce n'est pas pour ça qu'on est en sécurité ! Alors par précaution, à posteriori, on vérifie le matin de ces jours là, si on avait bien fermé, la veille, la porte d'entrée à double-tour et, à l'arrière de la maison, si on a mit correctement le loquet à la porte qui donne sur le jardin... ben tiens, on ne sait jamais avec tous ces zozos qui errent la nuit à la recherche de quelques expédients, des fichus va-nu-pieds sans foi ni loi, des vagabonds qui tente de chiper un peu de matériel, par ci-par là, pour revendre afin de pouvoir se payer un joint ou un sandwich, ou même les deux !

Ces jours là, ces jours qui pèsent plus lourds sous le poids des mauvaises nouvelles qu'on nous assène à chaque instant, on a un réflexe, un tic, une obsession, celle qui revient régulièrement, surtout quand on se regarde dans le grand miroir de la salle de bain lors des ablutions matutinales : Oh lala !...qu'est-ce qu'on a mauvaise mine ! C'est peut-être une cause intérieure inconnue, ou la sensation de nausée qui fait cet effet là, à moins que ça ne soient l'éclairage blafard du néon qui ne nous flattent guère. Lors, on arrive presque toujours à la même conclusion : on à vraiment l'air plus vieux que la veille, et si on ne décide pas de prendre le taureau par les cornes, si on ne se résous pas de prendre de grandes résolutions, de ne plus se laisser faire par le destin qui vous oblige parfois à exécuter des choses que vous n'avez pas vraiment envie de faire, ça ira encore plus mal et on n’aura plus assez de courage pour s'arrêter de glisser afin d'essayer de remonter la pente !

Mais il y a des jours aussi où tout va bien, où les gens que vous croisez dans la rue ou à vélo, sur le Ravel, qui vous disent bonjour en souriant de toutes leurs dents même si elles sont fausses. Ce sont des jours bénis parce que le soleil est on ne peut plus généreux, qu'il ne tape pas trop fort, qu'il y a une petite brise qui vous fait un bien fou et que les oiseaux pépient jusqu'à se faire péter la glotte ! ... et puis ce sont des jours où on n'a mal nulle part, des jours bénis des dieux parce que, enfin, vos intestins vous fichent la paix, parce que vous avez envie de chanter un vieil air de chez nous, ou de siffler un air qui vous revient en mémoire alors que vous ne l'avez plus entendu depuis des lustres, un air accompagné des paroles que votre mère chantait dans la cuisine quand elle préparait le petit déjeuner alors qu'elle avait déjà bu sa première tasse de café.....Mais ça, c'était quand on était jeune, quand on n'était qu'un moutard, une époque où on n'avait pas de raison de se faire du mouron, un âge insouciant ou la politique ne nous atteignait pas, un âge où on ne pensait qu'à une chose : devenir grand !

Et puis on a grandit... aussi en âge ( pas toujours en sagesse !). On s'est retrouvé avec une musculature pas piquée des vers et une toute nouvelle pilosité concrétisée au menton et on a commencé à se raser en cachette avec le rasoir à lames du papa, qui ne l'aurait jamais su, parait-il ! Ce fut l'âge des premiers pantalons longs-lonlaire, l'âge de l'ambiguïté dans l'amitié entre hommes, mais aussi l'âge où le regard, très attiré par les filles, produisait de drôles d'impressions dans le bas-ventre.....Les bons et les mauvais jours qui bâtirent cette époque se sont éloignés et sont devenus de lointains souvenirs estompés, pas toujours exaltants mais quand même plein de surprises ! Celle par exemple de se retrouver, le jour d'un bon jour, avec 10 cm de plus sans qu'on s'en soit douté, celle aussi de se surprendre à prendre conscience d'un certain sens de la vie, à se découvrir aussi un certain pouvoir de concentration, particulièrement sur l'écoute attentive des infos politiques journalières, ce qui permettait ainsi de pouvoir faire le tri dans le monceau puant des mauvaises nouvelles distillées sournoisement par de fielleux journalistes !

Mais voilà potferdek, qu'on est devenu adulte !... sans vraiment l'avoir fait exprès ! Voilà qu'on ose regarder les femmes dans les yeux jusqu'à ce qu'elles détournent le regard ! Voilà qu'on a trouvé du travail et qu'on gagne un peu des sous, qu'on habite tout seul dans un petit studio cracra, et..... voilà qu'on rencontre une jeune personne qui ne dit pas non, mais qui ne l'as pas dit tout de suite ! ...parce que il a fallu lui faire du charme, la faire rire, puis avoir osé l'embrasser sur les lèvres!... et, vous devinez la suite, l'avoir emmené faire un tour sur la grande ourse, comme le disait si justement Brassens ! Eh oui, mesdames et messieurs, c'est comme ça que ça se passe, : quand on réussi à enfiler son fil dans le chat d'une aiguille, c'est alors que la vraie vie a commencé, comme le disait Johnny. Ce fut l'heure des décisions drastiques, bons et mauvais jours mélangés !

Ahah ! C'est qu'il a fallu faire des choix, apprendre à se régler sur l'horaire inexorable des bons et mauvais jours qui passent ! Accepter aussi que tous les événements qui se passent en 24 heures, 7 jours par semaine, mois par mois année par année, constituent le long cheminement que les hommes et les femmes subissent depuis des millénaires ! .......Mais je suis en train d'enfoncer des portes ouvertes dirait-on, je ne vous apprends rien, rien que vous ne sachiez déjà puisque, vous êtes comme moi, un petit homme ou une petite dame qui aurait souhaité peut-être que ça se passe autrement ! Mais voila : ça s'est passé comme ça !

Oui mais voilà, ça ne s'est pas passé autrement ! Faut le reconnaître: ça s'est vraiment passé comme ça... et pour beaucoup d'hommes et de femmes, partout dans le monde, c'est à peu près la même chose, on se rencontre, les atomes crochus s'accrochent, on découvre des tas de choses indicibles et c'est pas plus mal de ne pas les dire puisque cela va de soi ! Le miracle d'un regard suffit, celui qui amorce la suite ! Quelle suite ? Ah, si ! vous la savez bien : la langueur des gestes et parfois même, quelques mots, très peu , quelques paroles, mais pas trop, juste ce qu'il faut, pour ne pas rompre le charme, pour ne pas interrompre et faire chuter le processus qui mène à.... .

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Le reste, vous le savez , aussi bien que moi. Pas besoin de les faire remonter à la surface, sinon ça ne serait que du réchauffé, des souvenirs tièdes qui restent suspendus aux plafond de la mémoire avec tous les autres qui sont parfois, et même souvent, moins attrayants que justement celui-là.

La suite ? Non, a pa peur...

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