Vandana Shiva contre le club des milliardaires

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Par | Journaliste |
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Vandana Shiva démontre aussi dans ce livre l’hypocrite « philantrocapitalisme » qui dissimule la constante avidité des plus riches.

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« 1% des Terriens contrôlent les richesses et le pouvoir et peuvent ainsi détruire la planète et nos vies à tous sans être tenus pour responsable de leurs actions ni devoir en rendre compte grâce aux astucieux subterfuges qu’ils ont trouvés. » Le réquisitoire est impitoyable et très argumenté, digne de la réputation immense de cette combattante pour les droits des paysans.

Vandana Shiva dénonce les inégalités croissantes dans notre monde depuis les années 80 lorsqu’elle s’implique, en Inde, dans le « Mouvement sauvons le Narmada », des projets de barrages sur la rivière du même nom et qui provoqueraient la destruction de tout un écosystème et le départ forcé de millions de paysans pauvres. Cette scientifique physicienne et docteure en philosophie des sciences a orienté ses recherches vers l’écologie à l’Indian Institute of Science et a fondé l’ONG altermondialiste Navdanya dédiée à la conservation de la biodiversité. Ainsi armée intellectuellement et munies de quantité d’expériences vécues sur le terrain, elle arpente le monde pour développer la pensée altermondialiste lors des Forums sociaux mondiaux et autres. Elle est aux côtés des paysans et de leurs luttes politiques et juridiques contre les grands propriétaires terriens, contre les instances politiques corrompues, contre les multinationales qui volent l’eau, les semences et détruisent la biodiversité. 

Dans ce livre qu’elle vient de publier, « 1%. Reprendre le pouvoir face à la toute-puissance des riches », elle démonte le système économique et politique qui explique la prise de pouvoir sur la totalité de la planète par ce 1% de riches et puissants gestionnaires de multinationales, de banques, de fonds de pension, de Monsanto à Bill Gates. Elle détaille la toute-puissance du Groupe Vanguard, cette société de fonds d’investissements, qui gère 5.100 milliards d’actifs financiers, qui gère plus de 180 fonds de gestions aux Etats-Unis et plus de 200 dans le monde. C’est bien simple, on le trouve partout dans les plus grosses sociétés et banques qui constituent la toile des multinationales et réseaux financiers possédant la quasi-totalité de la richesse mondiale ainsi que dans les réseaux militaires et politiques pour protéger partout les intérêts des riches sociétés américaines.

Une cible plus particulière de notre activiste indienne est Monsanto, elle a d’ailleurs participé au tribunal citoyen, présidé par la Belge Françoise Tulkens, qui a mis Monsanto sur la sellette aux Pays-Bas et dont nous avons relaté les travaux et la sentence. Elle décrit l’évolution de cette firme et son rachat par Bayer et donc l’état actuel de la puissance du « cartel toxique » regroupant les six plus grandes sociétés productrices de pesticides et d’OGM, à la tête de l’industrie des semences, des pesticides, des biotechnologies : BASF, Bayer, Dupont, Dow Chemical, Monsanto, Syngenta. Et voilà comment sont détruits nos écosystèmes, l’agriculture respectueuse de l’environnement, la survie de millions d’agriculteurs et la nôtre, par conséquent.

Indienne, Vandana Shiva est pénétrée par la philosophie du Mahatma Gandhi. Elle termine son livre par la description des armes philosophiques qui peuvent aider les résistants dans leur combat contre ce 1% mortifère : le « swaraj » ou la résurgence de la vraie liberté pour tous les êtres ; le « swadeshi » ou la résurgence de la véritable richesse, du véritable travail et du bien-être; le « satyagraha » ou la résurgence de la véritable résistance et de la véritable démocratie.

Avec ce livre, Vandana Shiva entend bien s’opposer « au mensonge et à la violence » mais aussi semer « dans le même temps les graines de l’espoir et de la liberté. » Elle inspire donc, par ce livre et ses autres écrits, tous ceux qui, dans le monde, luttent, résistent pacifiquement mais fermement contre les inégalités, contre la destruction de la terre et de la démocratie en tant qu’expression des populations les plus pauvres, les plus persécutées.

 Gabrielle Lefèvre

  • Vandana Shiva. « 1%. Reprendre le pouvoir face à la toutepuissance des riches ». Paris. 2019. Ed. Rue de l’Echiquier. www.ruedelechiquier.net

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