Avec Busine dans la mémoire du Mac's

Chemins de traverse

Par | Journaliste |
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Pour Laurent Busine, les musées sont des greniers remplis d'histoires où l'on parle de ce que que l'on aurait appris. Photo © Marcel Leroy

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Lecture 3 min.

Sa voix se fait un peu rauque, le regard se fait plus dense. Busine observe un silence bref et reprend sa pérégrination Les gens qui écoutent les histoires de celui qui s'est battu pour que ce Musée des Arts Contemporains s'élève dans le Grand-Hornu, sentent bien que derrière l'humour la gravité s'efforce à se faire légère. Et au fil des oeuvres aussi différentes que les livres sur les rayons d'une bibliothèque, réunies pour l'exposition des vingt ans du site, ces femmes et ces hommes et ces enfants comprennent que ce titre, "Les Fabriques du Coeur" exprime toute la démarche. Au cours de ce voyage au Borinage dans le sublime charbonnage sauvé de la démolition, les gens sont les passagers d'un train qui regardent par la fenêtre, en écoutant sonner les rails. Dans la dernière salle, la carrée, la lumière du jour au déclin distille ce bleu très pâle. Blues. On pense au Johnny Cash de "Solitary Man". 

A l'entame de la visite qui scelle la fin de l'exposition, dans son costume gris et sa chemise blanche à col ouvert, Laurent révèle ce qu'il cherche à réaliser depuis toujours, au fond. Un musée, il faut s'y sentir chez soi. Libre de s'imprégner de ce qui y est donné à voir. Il ne faut pas disposer d'un grand bagage ni avoir approché toutes les expositions pour s'y sentir bien dans sa peau. Comptent avant tout la possibilité de discuter, d'échanger des idées, de confronter ce que l'on a appris au vécu d'autrui. Dans ce musée où l'on propose la rencontre d'oeuvres d'artistes très différents les uns des autres, l'idée est d'apprendre quelque chose sur ce qui fait nos existences fugitives. Puis de regarder le présent avec une perspective peut-être plus sensible.

Chi lo sa?

Parce que tout repose sur la rencontre entre les personnes qui s'aventurent dans le musée et ce que le lieu donne à voir. La force du lieu fait partie de l'expérience. Bien des artistes, au fil de ces vingt ans, l'auront découvert. Quelle que soit la saison, le Grand-Hornu capte ces clartés éphémères et changeantes comme celles du ciel. Busine n'a pas manqué de dire qu'ici des mineurs ont forgé une conscience, dans leur quotidien si âpre et à travers leurs luttes pour la justice sociale. Cette humanité renforcerait la rencontre avec les oeuvres. Certaines vous marquent à jamais. Ainsi je me souviendrai toujours de cette liste de mots tracés par Matt Mullican. Une longue et étroite bandelette punaisée sur un mur comme une affiche dans une ville où l'on passe. Ces mots croisés au Grand-Hornu ricochent sur l'eau des jours et des nuits. Dans les coeurs et les tripes, ils font la ronde autour de ce drôle de  monde. 

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