Où il est question des Césars au comptoir de la boucherie de Francis

Chemins de traverse

Par | Journaliste |
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Pêle-mêle, deux ou trois nouvelles qui se recoupent, un samedi matin, au hasard du jour. Photo © Marcel Leroy

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Il paraît qu'il fera plus froid, la semaine qui vient. A la boucherie, chez Francis Roossens, dans le petit village de Leers-et-Fosteau, à une portée de fusil de la frontière française, la conversation aborde l'actualité, comme toujours. Dans l'onctueux décor de pâtés, boudins, entrecôtes et chasseurs de Prague, la clientèle pas pressée du tout entame avec l'artisan un de ces débats qui ne dépareraient pas un plateau de télé avec des spécialistes de l'universel. Bien entendu, la cérémonie des Césars arrive sur le comptoir, avec sa guirlande de commentaires réjouis. Dame, Virginie Efira a été élue meilleure actrice grâce à son rôle dans "Retour à Paris" et on est fiers d'avoir parlé de ce grand film, vu à Jeumont, dans cette chronique. Quant à Bouli Lanners, eh oui, notre Bouli,  il se voit consacré meilleur second rôle masculin pour son incarnation d'un flic fatigué dans "La Nuit du 12". 

Lanners est aussi sensible à l'écran que derrière la caméra. Son film "Nobody has to know", tourné sur l'ïle de Lewis, dans les austères splendeurs de la Haute Ecosse, est l'oeuvre du peintre qu'il est. Bouli capte avec ses pinceaux et des couleurs des images qui ont quelque chose des ciels étirés devant le soleil pâle de Lewis. Coïncidence, sur le site internet du Ma'cs (Musée des arts contemporains, Grand-Hornu), Bouli témoigne d'une des oeuvres de l'exposition des vingt ans. Imaginée par laurent Busine. "Les Fabriques du Coeur et leurs usages" ferait un bon titre de film. Pas encore césarisé, Bouli  confie dans une vidéo son émotion face aux toiles de Jean-Marie Bytebier. Puis, par un de ces loopings temporels, je me suis revu, pour le journal Le Soir, avec Joël Matriche, en reportage dans les décors naturels de son premier film, "Ultranova". Comme tous les autres, dont  "Eldorado" ou "Les Premiers, les Derniers", ses films, il faudra les revoir...

Après Virginie et Bouli, Francis me  présente à un client qui vient de Dilbeek, dans la banlieue  de Bruxelles et me lance: "Tu te souviens, en 1993 ou 94, dans Le Soir illustré, tu as écrit qu'ici les entrecôtes proviennent de bêtes de notre ferme, élveées en pâtures et que c'est aussi bon que rare". C'est mon tour de recevoir une sorte de César d'artisan journaleux dans la catégorie "rédacteur de faits très divers".  Cet ancien huissier au Palais de Justice de Bruxelles, élégant comme un officier, me dit: "C'est vous qui avez fait ce reportage? A l'époque je suis venu voir à Leers et vous aviez dit vrai. Depuis trente ans, je viens chaque mois à la viande chez monsieur Roossens". Ebloui, je reçois devant le public réduit de la boucherie le plus grand des diplômes. Tout les faits avaient été vérifiés, bien sûr..

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Alors que la première course cycliste de la saison se déroule ce samedi en Flandres, je me surprends à regretter de ne pas être venu à vélo. Un Stevens taillé pour l'aventure proche, acheté chez François, le fils du boucher. Avant qu'il ne reprenne le magasin de vélos de Maurice, à Beaumont, il a été coureur professionnel. Avec Francis on aura été le voir souvent courir lors de vibrantes kermesses flandriennes. Sur la route du retour, avec la bécane de course dans le coffre du break, on faisait halte dans une friterie mais on ne prenait pas de cervelas. Car les meilleurs du monde proviennent de chez Francis. Lui aussi mériterait un César. Allez, bon dimanche, fait beau, le temps du vélo est revenu. Au vélo-club de Clermont, le plus grand de Wallonie, paraît-il, c'est la rentrée. Certains de ses membres, dont François, sont capables d'abattre deux cents bornes en quelques heures. Puis ils discutent de mécanique vélo et de la structure d'un cadre italien de chez Villiers comme d'une sculpture que l'on verrait bien au Mac's où Johan Muyle a bien exposé sa Harley Davidson customisée.

La vie c'est du cinoche au jour le jour, pas vrai? 

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