Climat : quand la libre-pensée se dogmatise

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Le prophète alpiniste Werner Munter l'affirme du haut de son altitude: "L'Homme n'est pour rien dans le changement climatique". Convaincant, non?

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Alors que les effets du réchauffement climatique s’invitent quotidiennement dans les actualités, le mouvement dit « climato-sceptique » persiste et signe. Dénigrement du GIEC et de Youth For Climate, négation de l’origine anthropique du réchauffement, banalisation du phénomène à coup d’arguments invérifiables : les sceptiques, ou « climato-réalistes » comme ils aiment à se qualifier, crient à la dictature verte, dénoncent le catastrophisme, le pessimisme et la montée d’un nouveau dogme. Clairement, nombre de nos contemporains ne souhaitent pas changer leur mode de vie. La négation du changement climatique leur permet de garder la conscience tranquille.

Un lobby vert ? Où ça ?

Les «anti-Greta» et les «anti-GIEC» - parmi lesquels bon nombre de libre-exaministes – ont dû bicher en entendant les récentes déclarations de Donald Trump au Forum de Davos. Le locataire du bureau ovale s’est surpassé dans ce qu’il voulait être une joute avec Greta Thunberg : «Nous devons rejeter les éternels prophètes de malheur et leurs prédictions d’apocalypse», a-t-il martelé devant l’élite économique et politique réunie dans la très huppée station suisse. Exactement les termes souvent utilisés par ceux qui estiment que la situation climatique n’est pas aussi grave que certains veulent le faire croire. Certes, le libre-examen suppose la remise en question des certitudes. De là à mettre sur pied d’égalité les conclusions de milliers de scientifiques de haut vol originaires de 195 pays du monde avec l’avis un d’un quarteron de dissidents non spécialisés, il y a de la marge. «Tout ce qui est excessif est insignifiant», aimait à dire Talleyrand. L’occasion de rappeler que le GIEC n’a jamais prédit d’apocalypse d’aucune sorte; il se contente de faire des projections sur le réchauffement de la terre et ses conséquences sur le climat, notamment l’élévation du niveau de la mer lié à la fonte des pôles. Qu’après, certains caricaturent ou extrapolent ces modèles prévisionnels à des cataclysmes apocalyptiques ne peut être attribué au GIEC ni à Greta Thunberg…

Mais comment ceux qui estiment que le GIEC joue à nous faire peur pour rien justifient-ils le discrédit qu’ils jettent sur lui ? C’est simple: ils clament haut et fort que cet énorme groupement mondial de climatologues unanimes est manipulé par le «lobby vert». De quel lobby vert parle-t-on? Difficile de le savoir, même en les interrogeant. Le lobby des éoliennes? Le lobby des panneaux solaires? Les partis écolos? Soyons sérieux…

Ce qui semble plus crédible, par contre, c’est l’existence d’un lobby de l’industrie polluante visant à discréditer le GIEC et ses mises en garde, pour préserver le business as usual sur lequel ils bâtissent leur fortune. Déjà en 2013, le quotidien Le Monde révélait que «Entre 2003 et 2010, plus de 900 millions de dollars par an ont été injectés dans la nébuleuse de fondations mettant en doute l'existence du changement climatique»[1]. Faites le total : rapporté à 2020, cela fait 15 milliards ; de quoi susciter des convoitises. Plus récemment, Le Monde (17/01/2020) évoquait des vidéos mensongères, référencées sur Youtube et Google avec le tag «réchauffement climatique», vues des millions de fois, dans lesquelles des scientifiques expliquent que la question climatique n’est qu’une vaste blague. Par exemple, dans celle intitulée «L’urgence climatique est un leurre»[2], déjà visionnée plus de 600 000 fois, le physicien retraité François Gervais (voir ci-dessous) expose doctement des théories réfutées par l’immense majorité des spécialistes du sujet. Pareil en anglais, avec la vidéo dans laquelle Patrick Moore, figure notoire du climato-scepticisme, adulé par le site d’extrême-droite Breitbart News et faussement présenté comme l’un des fondateurs de Greenpeace, conteste le réchauffement climatique : «Pas de réchauffement significatif au 21e siècle» clame-t-il en 2014 ; il profite, pour l’affirmer, de l’accalmie de 17 ans qu’a connu le réchauffement autour des années 1990, passant sous silence que la première décennie du 21e siècle fut la plus chaude jamais enregistrée. Et ça n’a pas cessé depuis.

La négation du réchauffement n’est que l’un des postulats défendus par les climato-sceptiques. Un autre est la négation de l’origine anthropique du réchauffement, considéré comme un phénomène normal comme il s’en est déjà produit plusieurs au cours de l’Histoire. Et tant pis si l’on met dans le même sac un processus étalé sur des millénaires et un phénomène ramassé sur à peine 100 ans. Certains évoquent l’activité solaire comme cause principale (allez vérifier…) quand d’autres affirment sans rire qu’il n’y a pas de fonte des glaces aux pôles ni d’accroissement des phénomènes météorologiques extrêmes. Que les Russes tentent de prendre le contrôle du «passage du Nord» ouvert par la fonte de la banquise est sans doute une fantaisie de Poutine pour faire diversion… Et si George Soros décide d’investir un milliard de dollars dans un projet de réseau d’universités afin de mobiliser contre le réchauffement climatique, c’est sûrement un caprice de riche désœuvré.

«Il n’y a pas d’urgence climatique»

Mais qui sont donc ces «savants» qui nient la réalité du réchauffement avec autant d’opiniâtreté ? Et quelles sont leurs motivations ? Le portrait-robot fait apparaître un scientifique mâle, rarement climatologue, souvent fort âgé et de préférence de droite. Quelques-uns ont travaillé avec des entreprises pétrolières, d’autres sont financés par elles, d’autres encore sont en mal de publicité et prêts à nier l’évidence pour exister médiatiquement. Leurs travaux sur le climat, quand il y en a, s’appuient en général sur des sources fumeuses, voire des théories non étayées par une caution scientifique, ce qui a été démontré dans la plupart des cas.

En septembre 2019, le journal ultra réactionnaire «Valeurs Actuelles»[3] publiait une lettre ouverte présentée comme suit : «Un courrier signé par 500 scientifiques et professionnels, dont 40 pour la France, vient d’être adressé à António Guterres, secrétaire général des Nations Unies, ainsi qu’à Patricia Espinosa Cantellano, secrétaire exécutive de la Convention-cadres des Nations unies sur les changements climatiques.» On peut y lire : «Vos Excellences, Il n’y a pas d’urgence climatique. Un réseau mondial de plus de 500 scientifiques et professionnels expérimentés du climat et des domaines connexes a l’honneur d’adresser à Vos Excellences la Déclaration européenne sur le climat, jointe en annexe, dont les signataires de la présente lettre sont les ambassadeurs nationaux. Les modèles de circulation générale du climat sur lesquels la politique internationale est actuellement fondée sont inadaptés. Il est donc cruel aussi bien qu’imprudent de préconiser le gaspillage de milliers de milliards de dollars sur la base des résultats de modèles aussi imparfaits. Les politiques climatiques actuelles affaiblissent inutilement le système économique, mettant des vies en danger dans les pays à qui est refusé l’accès à une énergie électrique permanente et bon marché. Nous vous exhortons à suivre une politique climatique fondée sur une science solide, sur le réalisme économique et sur une attention réelle vis-à-vis de ceux qui sont frappés par des politiques d’atténuation coûteuses et inutiles.»

Des milliers de milliards de dollars? Bigre, ça chiffre! Si les gouvernements dépensaient cela pour le climat, ça se saurait… On voit, cela dit, que la principale préoccupation des auteurs de cette lettre est la préservation de leur business, sans trop d’autres considérations. Au moins, ils sont honnêtes là-dessus… Moins honnête est l’intitulé de leur contribution: «La Déclaration européenne sur le climat, dont les signataires de la présente lettre sont les ambassadeurs nationaux». Un titre Canada Dry et une revendication d’«ambassadeurs nationaux» qui doit surprendre dans les chancelleries.

Un quarteron de retraités

L’initiateur de cette opération de communication est Guus Berkhout, un professeur néerlandais, ingénieur âgé de 80 ans, ayant travaillé jadis pour la multinationale pétrolière Shell. À ses côtés, quelques autres scientifiques certainement remarquables mais, curieusement, aucun climatologue:

  • Richard Lindzen (États-Unis), météorologue né en 1940, inventeur de la très farfelue théorie de «l’effet iris» ;
  • Reynald Du Berger (Canada francophone), géologue retraité, qui soutient contre toute évidence que le réchauffement climatique s’est arrêté il y a 50 ans;
  • Ingemar Nordin (Suède), Sociologue et professeur de communication né en 1949;
  • Fritz Varenholt (Allemagne), né en 1949. Chimiste, climato-sceptique revendiqué. Ses travaux reposent sur des bases erronées, selon de nombreux spécialistes. Il a travaillé à l'agence allemande de protection de l'environnement, puis a rejoint le conseil d'administration de la filiale allemande de Shell;
  • Rob Lemeire (Belgique), «Professeur», militant libéral, ancien membre de la très droitière Lijst Dedecker, pro nucléaire et pro OGM revendiqué (voir infra);
  • Vicomte Monkton of Brenchley (Royaume-Uni), Journaliste, N°2 du parti d’extrême droite UKIP, théoricien du lien entre sida et homosexualité;
  • Terry Dunleavy (Nouvelle-Zélande), ancien président du National Party de Nouvelle-Zélande, spécialiste de la viticulture;
  • Jim O’Brien (République d’Irlande), consultant en Corporate Social Responsibility et en Énergie, retraité après 39 ans passés dans le secteur des matériaux de construction;
  • Viv Forbes (Australie), géologue spécialisé dans les mines et la métallurgie;
  • Alberto Prestininzi (Italie), géologue, spécialiste des tremblements de terre;
  • Jeffrey Foss (Canada anglophone), de la faculté de Philosophie de l’Université de Victoria;
  • Benoît Rittaud (France), mathématicien, un jeunot de 45 ans, président des «climato-réalistes» qui qualifie la climatologie de «science pathologique»;
  • Morten Jødal (Norvège), biologiste, spécialiste des champignons.

Voilà ce que les auteurs de la fameuse lettre appellent des «scientifiques et professionnels expérimentés du climat et des domaines connexes». Chacun jugera.

Plus récemment, en décembre dernier, l’hebdo Le Point publiait une tribune d’un certain Michael Shellenberger, vite relayée sur les réseaux sociaux, titrée «Pourquoi les affirmations catastrophistes sur le climat sont fausses»[4]. Outre qu’il met le mouvement Extinction Rebellion sur le même plan que le GIEC, cet éminent militant écologiste américain - qui n’est pas plus scientifique que Greta Thunberg, soit dit en passant - sélectionne les formules les plus catastrophistes proférées par les militants écologistes, choisissant celles qui l’arrangent, bien entendu. En creusant un peu, on constate que le principal combat de Shellenberger est la promotion et la défense du nucléaire, solution à tous les maux énergétiques et qui se trouve être, selon lui, «l'énergie la plus propre et la plus sûre». Au journaliste qui lui pose la question des déchets, Shellenberger répond, imperturbable: «Mais ce sont les meilleurs déchets possibles! Ils représentent une quantité minime, et cela n'a jamais fait de mal à personne. On ne s'inquiète pas pour les autres types de déchets qu'on laisse en nombre bien plus important dans la nature. […] La plupart des éléments qui figurent sur le tableau périodique sont toxiques et présents dans la nature, mais les gens n'en ont pas conscience.»[5] Heureusement que Michael Shellenberger est là pour nous l’apprendre !

Côté français, le plus souvent cité est un certain François Gervais, connu surtout grâce à sa vidéo «L’urgence climatique est un leurre» déjà évoquée ci-dessus. Il est l’un des principaux gourous des sceptiques qui sévissent sur les réseaux sociaux. Gervais, né en 1945, était professeur de Physique et de Science des matériaux. Il émarge au confidentiel parti politique Solidarité et progrès de Jacques Cheminade, une officine souverainiste et eurosceptique, notamment opposée à la dépénalisation de l’euthanasie. Son livre «L'innocence du carbone» (Albin Michel, 2013) est qualifié par le climatologue François-Marie Bréon (CEA/CNRS) d’«accumulation d'erreurs et de manipulations vouées à discréditer le constat du réchauffement anthropique». Prends ça, camarade. Et de préciser, dans une carte blanche publiée par Le Monde le 28 octobre 2013[6]: «L'ouvrage de François Gervais témoigne d'une profonde ignorance des sciences du climat. La plupart des arguments avancés par l'auteur sont en totale contradiction avec la littérature scientifique. Si l'ouvrage cite de nombreuses références, elles ne sont pas précisées en fin de texte et c'est au lecteur de faire la recherche s'il veut vérifier les assertions de l'auteur. Celles-ci n'ont souvent pas de rapport avec les références censées les appuyer. Dans d'autres cas, ses affirmations relèvent d'erreurs ou d'éléments de désinformation manifestes.» Il cite ensuite, par le menu, lesdites erreurs et les sources qui en attestent.

Avec Gervais sur le podium hexagonal, on trouve Vincent Courtillot, un géophysicien né en 1948. Sa page Wikipedia précise que «Il fait partie des climato-sceptiques dans les controverses sur le réchauffement climatique et a été au cœur d'une polémique importante qui a eu un large écho médiatique dans la presse française.» Laquelle ? Mystère. Si son expertise dans le géomagnétisme et la tectonique des plaques est reconnue par d’aucuns, ses bourdes lui ont valu le surnom de "chevalier de la Terre noire et plate" par des climatologues américains. Ses travaux au sein de l’Institut de Physique du globe de Paris ont été financés, notamment, par les sociétés pétrolières Total et Schlumberger.

Par charité, on passera rapidement sur l’inénarrable spécialiste des avalanches Werner Munter, fréquemment cité sur les réseaux sociaux, débonnaire guide de montagne suisse né en 1941 et dont la blanche et abondante pilosité jointe à son goût manifeste pour les photos avantageusement mises en scène sur fond de paysages alpestres lui donnent l’air du Père Noël en vacances à la neige ou de Moïse sur le Mont Sinaï. Pour lui, aucun doute: l’Homme n’est pour rien dans le réchauffement climatique. Parole d’alpiniste.

Citons encore Patrice Hernu, fils de Charles, le ministre qui a fait couler le Rainbow Warrior. Docteur en mathématiques et en économie appliquée, il a pour lui un vrai engagement dans l’écologie via diverses initiatives associatives. Mais on cherche en vain, dans ses travaux, les références qui lui permettent d’affirmer, sur Facebook (!) que le «l’effet de serre dû au CO2 est une ineptie scientifique». Son principal média d’expression est un site intitulé «L’observatoire du réel» - tout un programme. Passons.

En Belgique, le flambeau du climato-scepticisme est porté haut par Rob Lemeire, déjà cité parmi les signataires de la lettre adressée à l’ONU. Dans un article de Nicolas De Decker dans Le Vif-L’Express du 12 septembre 2019, on peut lire ceci: «À s’en pourlécher les babines! Le 30 septembre, Pro Lege, l’association censée réunir tous les anciens parlementaires belges, organise au Sénat un symposium sur l’urgence climatique ponctué, précise l’invitation, d’une "collation de luxe offerte". Les invités des débats dirigés par Rob Lemeire, un ancien militant de la Liste Dedecker, qui se dit lui-même climato-sceptique, comptent parmi les plus éminents contempteurs de l’urgence climatique: Simon Rozendaal, journaliste néerlandais, cosigna en 2004 un ouvrage, Man Made Global Warming: unravelling a dogma (L’Homme cause du réchauffement climatique: un dogme détricoté), dont le titre en dit long sur sa position. Suivront le professeur de finance Emiel Van Broekhoven, qui estime que "manifester contre le réchauffement climatique, c’est manifester contre le soleil", et Samuele Furfari, spécialiste de l’énergie et grand promoteur du pétrole et du charbon. Sans doute par souci de pluralisme parleront ensuite deux intervenants qui ne doutent pas de la contribution humaine au réchauffement, Kristof Cuadros Perez (Climateresponse.eu) et André Berger, climatologue à l’UCLouvain. Mais dès 12 h 55, ils seront interrompus par le président de la séance et par une autre ancienne de la Liste Dedecker, Lieve Van Ermen, qui concluront avant le repas. On parie qu’il y aura peu d’Ecolo-Groen à la collation de luxe?»

Calomniez Greta, il en restera toujours quelque chose

La vague de haine qui a déferlé à l’égard de Greta Thunberg a surpris par sa violence et sa vulgarité. On ne compte plus les pamphlets publiés pour la démolir ni les insultes, attaquant sa jeunesse («qu’elle retourne à l’école!»), son autisme Asperger (dont la plupart des gens ne savent rien), sa méconnaissance des rouages scientifiques du climat (alors qu’on nie les conclusions des spécialistes, allez comprendre), la disant manipulée (mais par qui, bon sang ?), moquant ses voyages en train ou en voilier. Par contraste, aucun de ses contempteurs ne s’interroge l’éventuelle manipulation dont sont l’objet les «savants» climato-sceptiques ou même l’inaction des politiques. Deux poids deux mesures ? Le comble fut atteint par ce texte honteux et injurieux de Michel Onfray, traitant Greta de « cyborg » entre autres amabilités déplacées sur son physique : «Quelle âme habite ce corps sans chair ? On a du mal à savoir…», écrit-il[7]. Résumé exemplaire du discours typique des «mâles blancs de 50 ans» qui constituent le gros de la troupe de ses ennemis. Or, il faut bien comprendre que la jeunesse qui demande des actes se préoccupe de son propre avenir, ce qui la rend légitime dans ce combat. Par contre, les vieux croûtons qui nient le réchauffement climatique seront morts depuis longtemps quand les conséquences les plus sévères frapperont le monde. Ils ne prennent donc aucun risque… Mais pensent-ils à leurs petits-enfants?

Au bonheur des autocrates

Finalement, les trois personnalités les plus en phase avec le mouvement climato-sceptique sont Jaïr Bolsonaro, qui fait bouter le feu à l’Amazonie et refuse toute aide extérieure pour éteindre ces incendies qui arrangent bien le business agro-industriel, Donald Trump, qui vante les bienfaits de l’industrie pétrolière et charbonnière étatsunienne, et Scott Morrison, Premier ministre australien qui refuse de corréler les dramatiques incendies avec la hausse spectaculaire des températures intervenue cette année sur son territoire – premier exportateur mondial de charbon. Il y en a d’autres bien sûr. Poutine, Xi Jinping et Narendra Modi, tous trois peu ou prou dictateurs, préfèrent aussi feindre d’ignorer les dangers du réchauffement auquel ils contribuent au premier chef. Cela démontre que le climato-scepticisme est soutenu principalement par la droite radicale et les autocrates, pour qui le business triomphant détient la priorité absolue sur toute considération humaniste. On a les références qu’on peut.

Libre examen ou dogme complotiste ?

L’attitude complotiste de ceux qui crient au lobby vert ou à la manipulation mensongère sans pouvoir le démontrer convient-elle à un libre-penseur ? Qu’en est-il de la méthode scientifique chez ceux qui préfèrent croire une poignée d’amateurs plutôt qu’un consensus mondial de spécialistes du climat ? La doxa humaniste peut-elle s’accommoder, au nom de la pluralité des avis, de ceux des personnages décrits dans ce texte? Il est facile de crier haro sur le GIEC et de traiter Greta de petite sotte handicapée. Encore faudrait-il argumenter avec des éléments objectivables et, surtout, libérés de tout intérêt partisan, commercial ou simplement polémiste.

Pour conclure, postulons que l’humaniste libre-penseur ne peut se permettre de balayer un consensus scientifique mondial sous prétexte que son avis ne lui convient pas. Si nous invoquons la solidarité pour sauvegarder les retraites et la sécurité sociale, ne devons-nous pas l’invoquer aussi pour sauvegarder ce qui peut encore l’être du climat dans lequel vivront nos enfants? Est-il raisonnable, pour l’humaniste libre-penseur, d’adhérer aux thèses qui nient l’origine anthropique du réchauffement sans les soumettre à une analyse profonde des attendus et des motivations de leurs auteurs? Qu’en est-il du principe de précaution, lui aussi souvent balayé comme un empêcheur de rechercher en paix? Ne devons-nous pas, par égard envers notre descendance, nous défier des discours simplistes des dirigeants les moins fréquentables de la planète? Voici quelques questions auxquelles chacun pourra réfléchir avant sa prochaine intervention sur un sujet que la plupart d’entre nous ne connaissons que très superficiellement.


[1] Le Monde, «Les climatosceptiques qui valaient des milliards», 31 décembre 2013

[3] Valeurs Actuelles, «Des scientifiques de 13 pays écrivent au secrétaire général de l’Onu pour dénoncer l’alarmisme climatique», 24 septembre 2019

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[6] https://www.lemonde.fr/sciences/article/2013/10/28/les-contre-verites-du-dernier-pamphlet-climatosceptique_3504317_1650684.html

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