En pensant aux Ukrainiens

Chemins de traverse

Par | Journaliste |
le

Ce jeudi soir, à Bruxelles, des gens dénoncent l’envahissement de l’Ukraine. Dans la capitale de l’Europe, ils ont la liberté de s’exprimer. C’est une manière de défendre leur pays soumis à la terreur. Photo © Jean-Frédéric Hanssens.

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Ce témoignage, à la RTBF.
La voix de cette femme.
Droit au cœur…
Revenue de Kiev, en sécurité à Bruxelles, elle ressent la culpabilité de se voir confrontée à une situation qui la dépasse. Elle dit que son père a fait son devoir en mettant sa famille à l’abri. Il suivra sa conscience en prenant un fusil pour défendre son pays. On comprend sa tristesse, son désarroi et sa fierté. En Ukraine des gens qui ne demandent qu’à vivre dans une société où l’on est libre de penser, dans le respect des lois, s’apprêtent à donner leur vie pour la démocratie.
Ils se battent aussi pour leur liberté.
Et la nôtre…
Le métier de journaliste m’a fait passer par Kiev, Tchernobyl, Minsk et Moscou. Des gens m’y ont ouvert les bras. En 2004, à Kiev, j’essayais d’acheter du saucisson et du pain dans une épicerie ouverte tard dans la soirée. Tout le monde riait en entendant mon étrange sabir. Le pays changeait de gouvernement, tentait de se dégager de la poigne de fer du voisin russe. Je n’y comprenais pas grand-chose, bien sûr…
Mais je sentais que les gens la voulaient, la liberté.
Maintenant, toujours à la radio, d’autres témoignages, en provenance de Moscou…
Des gens manifestent avec courage contre la guerre de Vladimir Poutine. On les arrête. Ils n’ont pas le droit de s’insurger contre les décisions d’un pouvoir dictatorial qui ne cherche même plus à se camoufler.
Là-bas, l’avis du peuple ne compte pas.
Et je me souviens de ces personnes rencontrées à Moscou, juste après la fin de l’URSS, qui se battaient pour aider les enfants forcés de vivre dans les gares malgré l’hiver.
Que sont-ils devenus ?
Bien sûr, je sais que je ne maîtrise pas les données de l’équation.
L’usage de la violence serait un signe de peur ou de faiblesse…
Alors, pourquoi ces mots confiés par un ami, ce matin, dans une discussion à bâtons rompus, pourquoi ces mots reviennent-ils me titiller?
« Je ne suis pas fier d’être Européen. Tu ne trouves pas qu’on devrait voler à leur secours quand les Ukrainiens, attaqués sans raison par un pays plus fort, voient la mort en face ? »
Cherchant une réponse nuancée, je me suis entendu causer du refus de l’escalade, de la diplomatie, du feu nucléaire détenu par le dictateur, de ce qui est à perdre, de la violence qui est la dernière des répliques.
Et je me suis demandé ce qu’aurait dit mon grand-père, que je n’ai pas connu.Cet aïeul qui, à Anvers, entre 1940 et 1945, n’a pas hésité à risquer sa vie pour secourir des amis juifs.
Un jour il avait dit à ma mère n’avoir rien fait que son devoir d’humain.
Les mots « humain » et « devoir », quelle est leur portée, par rapport aux missiles, de ces jours-ci ?

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