En Wallonie, la conscience au bout du tunnel

Chemins de traverse

Par | Journaliste |
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Il semble que le greffier du Parlement wallon ait poussé l'estompement de la norme au-delà du tunnel menant tout droit vers un pouvoir en manque de garde-fou. Photo © Marcel Leroy

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Dans le bus,  les gens passent leur carte des TEC à la machine. Tous paient pour charger leur carte. Se lèvent tôt en hiver pour faire face à des factures écrasantes. Effarés, dans le tram ou le bus, les gens se demandent comment il est imaginable qu'un haut fonctionnaire de la Wallonie ait pu agir sans contrôle apparent, quasi au nez et à la barbe des élues et élus de la Région. Ecrasé par des tâches lourdes,  le greffier du Parlement wallon se serait-il résigné à porter seul le poids du Parlement, sans une plainte? Avec pour seul réconfort quelques voyages de luxe et repas de qualité? Même la dérision est amère, à ce stade. 

Ce fonctionnaire de toute confiance et du plus haut niveau se serait-il sacrifié pour soulager les membres du bureau du Parlement de ces trivialités liées à la paperasserie - devis  des chantiers, tickets d'avion en business, réservations d'hôtels de luxe et achat de guides de voyage? Heureusement ses collaborateurs - dont certains et certaines étouffaient sous une autorité blessante -, font tourner avec courage le manège démocratique namurois. Où on devrait d'urgence s'accorder pour une réforme, dans le respect des droits du greffier touché par l'estompement de la norme, toujours elle... 

On se gardera de juger, mais cherche en vain, tristement, la juste manière de parler, dans le bus, de ce qui se passe au Grognon. Devant leur télé, en lisant les journaux et en écoutant la radio, branchés sur les réseaux sociaux, des citoyens se demandent comment l'absence de vigilance s'avère possible au sommet, dans une contrée où les chômeurs, eux, sont contrôlés sans relâche; où trouver un emploi est un parcours du combattant, où les cohabitants sont traqués par des policiers qui détestent ces missions. Qui ont d'autres priorités. En vérité, chez nous, les plus précaires n'ont pas accès automatiquement à leurs droits. Quant au droit à un logement décent on attend qu'il soit mis en application. Des gens dorment dans la rue alors que les CPAS sont débordés. Puissent les CPAS et les associations faire face à la progression implacable de la précarité.

C'est dommage et infiniment triste. Il en faudra beaucoup, de travail et de temps pour restaurer la confiance, non pas à cause d'une seule personne qui aurait dévié, mais en raison du défaut de vigilance et de précaution d'un organisme qui devrait être au-dessus de tout soupçon. La confiance accordée n'a pas été honorée avec la conscience espérée en retour. On se dit que la conscience des conséquences de ses actes devrait être rappelée à tout qui exerce un pouvoir, à quelque niveau que ce soit. Nous sommes tous concernés. Surtout au plus haut, quand on ne prend pas assez souvent le bus pour voir comment vivent les gens. Pour garder les pieds sur terre, prendre le bus de temps en temps serait un premier pas. Mieux, en tout cas, que d'emprunter pour se rendre au Perlement wallon, ce tunnel inutile qui aura coûté une fortune.

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