Il faut rattraper le retard !

Pour remettre les idées à l’endroit...

Par | Penseur libre |
le
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En ces moments de rentrée scolaire, je vois beaucoup de messages d’alerte du style « Attention, certains élèves ne sont plus allés à l’école depuis six mois. Il faut rattraper le retard !  ».

De quel retard s’agit-il ? Dans l’esprit de ces lanceurs d’alerte, traine le plus souvent une conception erronée si pas surannée de l’enseignement. Elle fait référence en effet à un enseignement collectif, c’est-à-dire des classes qui fonctionnent avec des programmes et des rythmes d’acquisition des élèves qui ne tiennent guère compte de l’hétérogénéité de tout groupe, quel qu’il soit : les groupes constitués sur la base de l’âge légal des élèves, ceux qui sont le résultat d’une sélection soi-disant scientifique et ceux dont la composition résulte d’une bonne part de hasard ou d’opportunités diverses.

Il convient donc de s’interroger sur la question du collectif et de l’individuel. Personnellement, j’ai été confronté en commençant ma carrière à des classes uniques ou composées de plusieurs niveaux.

Si la chose m’a troublé terriblement au début (ma formation ne m’avait donné aucune clé à ce sujet pour gérer cette situation), je n’ai pas arrêté depuis de remercier le ciel le diable de m’avoir plongé dans cette situation. Cela m’a permis par la suite, lorsque j’ai été confronté à des classes dites « homogènes » (c’est une des définitions du terme « classe »), de continuer à faire face plutôt à des individualités chargées d’histoire personnelle qu’à un groupe homogène. En d’autres termes, cela m’a amené à diversifier les approches, à considérer le plus possible que je m’adressais à des enfants différents les uns des autres plutôt qu’à un groupe mythique.

Certes, plus qu’auparavant encore, les enseignants devront débusquer les difficultés de chacun et répondre par des techniques adéquates aux apprentissages individuels. Moult outils sont ailleurs à leur disposition, les pédagogies nouvelles ne sont pas en reste pour répondre à ces questions, et ce, parfois depuis près d’un siècle. Cela demandera non seulement du travail, mais pour certains, une mise en question des méthodes employées jusque là et des attitudes adoptées face aux acquisitions.

Lorsqu’on annonce «  ll faut rattraper le retard ! », il ne faudrait pas non plus penser que nos enfants n’ont rien appris durant cette période difficile. Il n’y a pas que l’école qui dispense des connaissances, que diable  ! Dans le milieu familial, même si les choses furent compliquées au début, les enfants ont été confrontés au relationnel plus qu’avant et pour certains, cela s’avèrera bénéfique dans le milieu social. Dans le peu d’expériences qu’ils ont pu faire dans leur voisinage immédiat, des questions nouvelles se sont posées à eux et ils ont dû les résoudre (tout comme les adultes). Des horizons peu explorés jusque là comme la lecture, les sciences, les mathématiques, l’histoire, la géographie peuvent s’être révélées sous un jour nouveau (non scolaire) et donc leur paraissant plus accessibles. Par nature, nous sommes tous autodidactes, enfants comme adultes. L’école n’est qu’une invention sociale de facilité, elle décharge souvent la cellule familiale d’être le creuset d’apprentissages essentiels. On a bien vu comment les parents étaient parfois désorientés devant leurs enfants quand il s’est agi de « jouer » à l’école à la maison.

 

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Je m’arrête car je vais être en retard sur le programme de ma journée et je ne pourrai pas le rattraper  !

 

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