"Revoir Paris" grâce à Virginie Efira

Chemins de traverse

Par | Journaliste |
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Dans "Revoir Paris", Virginie Efira est humaine, si humaine qu'on pourrait croire que le personnage de Mia s'installe dans un fauteuil, une rangée plus bas. Et du coup on se retrouve plus proches sans s'être parlés, grâce au cinoche. (Ph ML)

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Un dimanche en fin d'après-midi. Repéré dans le programme glané lors du dernier passage au Ciné Rex,  ce titre: "Revoir Paris". A Solre-le-Château, dans l'Avesnois, dans le triange formé par Beaumont, Belgique, Hirson et Maubeuge, France, le public attend. Il pleut, rien en vue de réjouissant à la télé, rien que des séries morbides et l'actualité dépressive. Alors se rendre au cinoche est une fête. Une petite aventure...Déjà dans le hall d'entrée, en regardant l'affiche de  "Belle", on se paie un eskimo en attendant quele  film en cours arrive à "The End".

Dans les fauteuils rouges, les mots se taisent,  les lumières s'éteignent l'écran s'allume et l'histoire vous remue parce qu'elle rend si proche des drames vécus ces dernières années. Alice Winocour, la réalisatrice de "Revoir Paris" a tapé dans le mille en offrant le rôle de Mia à Virginie Efira. La comédienne n'a jamais été aussi humaine. Elle incarne une jeune interprète qui bosse à Radio France et doit interrompre son repas pris avec son amoureux, toubib. Une urgence à l'hôpital. Urgence?  Mia remonte sur sa Triumph Bonneville et roule dans la ville sous la pluie. Entre dans une brasserie pour se mettre à l'abri. Regarde les gens, autour d'elle, un peu perdue. Beaucoup. 

Puis le vacarme, un type qui hurle, l'arme qui crache le feu et fauche les gens autour des tables. Mia survivra mais du choc ne se rétablit pas. Plus rien autour d'elle ne lui paraît tangible, chaud, proche, quand elle revient à Paris dont elle parcourt les rues comme une ombre. Passant devant la brasserie où la violence s'est déchaînée elle entre, d'instinct. Croise les participants à une réunion où des gens cherchent à se souvenir, avec les autres. Ceux qui, comme Mia, ont survécu mais beaucoup perdu. 

Mia décide de chercher à reconstituer ce qu'elle a vécu en recoupant ses souvenirs avec  des femmes et des hommes qui étaient là, comme elle, par hasard, et sont partiellement détruits. Comme si on suivait pas à pas la jeune femme à tavers la ville, sur sa moto, en métro ou à pied, on traverse des mondes différents et voit ou revoit Paris dessiner son visage aux masques mutilples. Dans la force des rencontres de personnes que peut-être jamais elle n'aurait croisé, si sa trajectoire n'avait pas dévié, on voit Mia renouer avec sa vitalité même KO debout. 

Un type blessé gravement l'encourage à remonter la piste de l'inconnu qui lui a tenu la main dans le noir, la folie et la terreur. Qui est-il? Est-il vivant? Mia réalise la primauté du rapport à l'autre. Simple. Pas toujours besoin de parler beaucoup.Il arrive que le silence en dise plus long que mille lignes. Ou que le visage d'une comédienne révèle la beauté de cette volonté de renouer avec le moment qui se déroule. Efira est grande dans cette simplicité. 

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En sortant du Rex il pleuvait toujours. Dans le passage voûté sous l'église au clocher biscornu les pavés résonnaient. Tout semblait tenir de la magie du cinéma. Ce qui fait que dans une salle qu'elle soit de campagne ou d'une métropole un sentiment collectif s'instaure naturellement. A la sortie, beaucoup se sont retournés pour regarder l'affiche située dans le coin gauche du haut de l'entrée et se dire que ce "Revoir Paris" valait vraiment le voyage. Ou le détour. Parce que l'on revoit bien sûr Paris dans ce récit mais aussi toutes les villes du monde.  

"Revoir", car  sans s'en rendre compte souvent on ne voit rien alors que tout se passe sous nos yeux.

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