Souad Massi, une voix arc-en-ciel
Bien avant l'ouverture de la salle aux fauteuils rouges le public se pressait dans le hall d'entrée du Ciné Le Régent (à Jeumont, sur la frontière) pour écouter Souad Massi. Les gens étaient venus de France comme de Belgique pour voir la chanteuse d'Alger qui vit en France. Dans les années 90, en Algérie, cette ingénieure de formation fascinée par la chanson est passée du flamenco au heavy metal et enfin à la musique classique occidentale. Un brassage de cultures est en phase avec la conscience d'une femme engagée. Elle dit avec une sobre justesse le drame de l'exil en pensant aux gens de Kaboul chassés par les Talibans.
Sa voix fait penser parfois à Joan Baez. Elle porte aussi bien une adaptation de Johnny Cash ("Hurt") qu'un hommage à Victor Jara ou un folk-rock à damner un saint. Quand Souad égréne "Dessine-moi un pays" - en français, alors que ses autres chansons sont en arabe -, on prend à coeur ce texte qui s'oppose aux discours porteurs de la peur de l'autre. L'artiste, entourée de musiciens à qui elle laisse la bride sur le cou, crée un climat allant de chansons de lutte à des airs qui donnent envie de danser. Toute la salle, debout, a frappé dans les mains, quand la soirée a touché à sa fin.
Il faut écouter le dixième disque de Massi. "Sequana" oscille entre soleil et nuit, dans une palette de sons chamarrée de rock, de folk, de bossa nova, de reggae, d'orient et du vent du désert. Souad, au fond, incarne l'éternité d'une voix chargée de sentiments bafoués trop souvent, mais aussi d'espoir. Sa sensibilité a la puissance de ses nuances. Dans le jeu des lumières de la scène Souad donne envie de franchir la Méditerranée pour aller voir le monde. Sa voix est un arc-en-ciel dans l'obscure actualité de l'Ukraine, du climat menacé et de la banalisation de l'extrême-droite. OK, on a aimé...
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